Un nouveau plan contre le harcèlement

Après plusieurs faits divers tragiques et une communication institutionnelle mise sous les feux médiatiques, le ministre de l'Education Nationale a reçu les organisations syndicales pour évoquer les mesures du plan interministériel anti harcèlement.

La lutte contre le fléau du harcèlement va connaître une accélération avec le plan interministériel présenté par Mme Borne le 27 septembre.

M.Attal a réuni les organisations syndicales pour présenter les déclinaisons sur le champ de l’école de cette nouvelle tentative de circonscrire un phénomène d’ampleur.

Si on considère que 10% des élèves sont victimes de harcèlement au cours de leurs scolarité, alors cela concerne 1,2 millions d’élèves.

Le ministre a parlé de 3 leviers : Prévenir, Détecter, Réagir.

Prévenir le harcèlement

Dans le champ de la prévention, le programme pHARe, déployé depuis 2020, va continuer de se développer dans le champ scolaire, notamment dans les lycées, où il est encore peu présent. La dimension de formation va également concerner les collègues du ministère de la jeunesse et des sports.

Toujours dans une démarche de prévention, un passeport numérique sera généralisé en 6ème. Cette mesure illustre l’aberration d’avoir supprimé la technologie en 6ème l’an dernier, puisque ce sont les collègues de la discipline qui assuraient l’appropriation du numérique aux élèves.

Détection du harcèlement

Pour la détection, le ministre évoque le principe du questionnaire à l’instar de l’enquête de victimation pour objectiver un état des lieux dans les établissements.
Il souhaite également faire de la journée de lutte contre le harcèlement le 9 novembre prochain un évènement permettant de mobiliser l’ensemble de la communauté éducative, en y incluant les parents.

Réagir face au harcèlement

Pour la réaction, le ministre souhaite que chaque rectorat soit doté d‘une stratégie de lutte contre le harcèlement et il veut déployer des équipes de personnes ressources  dédiées.
Où va t’on trouver les personnels ?
C’est aussi l’idée de la sanction qui arrive plus tôt, notamment par le biais de la commission éducative, qui pourrait voir son rôle évoluer sur cette question.
L’arsenal juridique devrait également évoluer puisque le harceleur pourrait se voir confisquer son téléphone et être banni des réseaux sociaux à titre temporaire. Il faudra s’assurer de la faisabilité de ces mesures sur le plan éducatif.

Le signalement systématique au procureur de l’élève harceleur interroge sur le traitement de la dimension collective souvent prégnant dans ces affaires.

Le ministre a cependant reconnu la complexité de certaines mesures du fait du manque de personnel, notamment santé et sociaux dans les établissements scolaires. Il dit vouloir faire un effort pour l’attractivité de ces métiers dans l’institution scolaire.

Ce que le Sgen-CFDT a porté

D’abord, dépasser le cadre de la pression médiatique, qui met à mal un certain nombre de collègues, dans les rectorats, les Dsden et dans les directions des établissements scolaires. Et donc respecter le travail des personnels. Le ministre a réaffirmé son soutien aux collègues, à qui il accordera la protection fonctionnelle si nécessaire. Pour le rectorat de Versailles, il a dit vouloir comprendre pourquoi de telles lettres type ont pu être envoyées.

Parler de harcèlement, c’est parler de climat scolaire.

Le déploiement du programme pHARe ne peut se faire qu’avec des équipes complètes, nommées et présentes dans les établissements.

Et la dimension de formation va vite achopper sur le dogme énoncé « pas de formation sur le temps de face à face élève ».

L’enquête locale de climat scolaire est un outil adapté et pertinent pour traiter cette question.
Elle prend du temps de préparation, de compilation et de restitution mais elle donne une image fidèle de la perception du climat par les usagers (élèves et parents) et les professionnels (tous les adultes) qui y répondent.

Les CPE et les AED sont  des acteurs de proximité particulièrement actifs sur cette question. Le ministre a semblé intéressé par l’accès à une formation adaptée pour les AED.

A moyen terme, nous avons porté l’idée d‘une formation initiale qui outille tous les adultes qui doivent travailler au contact d’élèves sur le développement psychologique de l’enfant et de l’adolescent.

Enfin, nous avons porté la logique de territoire éducatif, dans lequel chacun des acteurs peut entrer dans une logique de prévention (la police) de détection (les services de santé) de réaction (la justice dans une dimension toujours éducative). Et bien sûr, nous avons rappelé que les élèves devront être au cœur des actions de formation, car elles et ils sont les premiers relais pour faire cesser le harcèlement.