« L’école de la confiance », teaser de la saison 2 : que du bonheur!

Emmanuel Macron a dévoilé son programme à Aubervilliers le 17 mars 2022; que prévoit-il pour l’Éducation nationale?

Le « pacte nouveau » esquissé le 17 mars par Emmanuel Macron ne peut que susciter de l’amertume et de la colère chez des enseignant.e.s profondément éprouvé..s par trois années scolaires placées sous le signe de la pandémie mais aussi, pour celles et ceux qui travaillent en lycée, d’une réforme mal ficelée qui a nettement dégradé leurs conditions de travail.

Quelques remarques sur le projet du candidat à la présidentielle.

 

Les enseignant.e.s? des absentéistes

Macron parle de « faire confiance et mieux reconnaître les enseignants », mais indique que « les familles sont confrontées à des problématiques d’absentéisme ».
Absentéisme? Un comportement que le CNRTL définit comme un « manque habituel ou systématique d’assiduité à son lieu de travail ». Waouh.

Pour ce qui est de la confiance – un terme qui a pris un sens nouveau depuis que Blanquer le martèle -, c’est vraiment très mal parti.

Une augmentation… conditionnée à de nouvelles missions

Le candidat entend « poursuivre l’augmentation des rémunérations (…) qui s’inscrira dans le cadre de cette concertation mais sur la définition de nouvelles missions ».

La page 6 de son programme reprend cette idée en la précisant: « Un pacte proposé à tous les enseignants avec, pour ceux qui l’acceptent, de nouvelles missions et des rémunérations augmentées en conséquence. »

Ces « nouvelles missions » incluent le remplacement systématique des collègues absent..s, et, pour le reste, correspondent aux tâches que chaque enseignant.e accomplit aujourd’hui: le « suivi individualisé des élèves, notamment pour l’aide aux devoirs ou l’accompagnement personnalisé ».

Il s’agit donc de travailler plus, alors que les enseignant.e.s travaillent beaucoup, pour gagner plus.

Un oubli total des syndicats

Pas un mot sur le rôle des syndicats dans la « large concertation » promise avec les « parties prenantes »: « les enseignants, les équipes éducatives et administratives, les parents d’élèves, les élus, les associations et les élèves ».
Cela dit, cette néantisation est cohérente avec la suppression de la plupart des commissions dans lesquelles les organisations syndicales siégeaient, suppression actée par la la loi du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique.

Mise en concurrence des enseignant.e.s et des établissements

Le candidat promet « plus de transparence pour les élèves et les parents » et « souhaite que nous puissions mettre à disposition des parents d’élèves les résultats des évaluations (…) qui permettent de voir les résultats au niveau de la classe, de l’établissement, et de les rendre publics ». Un beau cadeau à l’enseignement privé, vers qui davantage de parents risquent de se tourner.

Comment évaluer l’efficacité d’un.e enseignant.e?
Mystère.

Qu’advient-il de l’enseignant.e jugé inefficace?
Mystère.

Qu’adviendra-t-il de la classe ou de l’établissement qui n’obtient pas de bons résultats?
Mystère.

Emmanuel Macron promet l’impossible.
Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’un tel dispositif ne peut que dégrader davantage les relations entre les enseignant.e.s et les familles.
La nette baisse d’attractivité des métiers de l’enseignement ne peut qu’empirer.

Une vision faussée du système éducatif

Quid des CPE, des AED, des AESH, des personnels de directions, des infirmières, des PSY-EN?
Il n’en est pas question.

Si l’on en croit ce que dit le candidat, les seuls adultes auxquels les enfants et les adolescent.e.s sont confronté.e.s sont des enseignant.e.s.

Les enseignant.e.s, CPE, AED, personnels de direction, personnel administratifs, personnels de santé, AESH sont exaspéré.e.s.
Ras-le-bol de la démagogie de droite, du mépris, de l’enfumage, de la dégradation de nos conditions de travail, mais aussi de la négation de notre expertise professionnelle et du dialogue social.