Requiem pour une double réforme… et pour le bac ?

Les réformes du bac et du lycée étaient fondamentalement des ruptures majeures dans la perception du rôle du baccalauréat, et des modalités offertes aux lycéens pour leur cycle terminal.
Que dire de la mouture 2024?

Les réformes du bac et du lycée étaient fondamentalement des ruptures majeures dans la perception du rôle du baccalauréat, et des modalités offertes aux lycéens pour leur cycle terminal.
Or, ces ruptures n’ont pas été complètement assumées ; portées de manière technocratiques, mal conçues, avec un dialogue social quasi inexistant; ces réformes ont déclenché une opposition largement majoritaire des organisations syndicales. 
Le ministère avait l’ambition de provoquer trois changements majeurs :
  • Un bac avec une partie de contrôle continu
  • Un bac avec des épreuves comptant pour l’orientation
  • Un lycée avec une partie au choix des élèves
Bâclées et mises en œuvre dans l’urgence, sans véritable travail interministériel, sans étude d’impact et sans accompagnement au changement, les réformes tournent au fiasco.
Elles sont unanimement décriées par les médias, incomprises par les élèves et leurs familles, surchargent de
(le) travail les personnels, sans que les effets attendus soient clairement définis…
Des changements continus sont mis en place à des moments inattendus (retours des maths en mai 2022 après les répartitions de DHG, annonce des déplacements des épreuves du bac en janvier 2022, programmes mal ficelés et modifiés en continu depuis 3 ans…).
Certaines conséquences ont déchaîné les critiques (perte d’heures de cours, pression sur les élèves, charge de travail énorme…).
Par ailleurs, divers groupes de travail, comité de suivi, instances diverses (CSP, CSE…) travaillent en parallèle pour faire évoluer certains points de façon indépendante et souvent juxtaposée.
La décision élyséenne de détricoter un peu plus sa propre réforme confirme s’il en était besoin l’échec de ce chantier de politique publique. 
Après six ans de chaos, les personnels ont besoin de stabilité, et on ne peut qu’espérer que les règles essentielles ne vont plus bouger.
Pour le Sgen-CFDT, il n’est plus possible de continuer ainsi avec des incertitudes permanentes : cela dégrade très fortement l’efficacité pédagogique, la confiance des usagers, la professionnalité et la santé des personnels. 
C’est peu de dire que le baccalauréat sort fragilisé de la période.
Avec le report des écrits et leur déconnexion du processus d’orientation vers l’enseignement supérieur, le risque est réel de voir ses épreuves se transformer en un grand DNB, à savoir un rituel vide de sens…