Une simplification devenue incontournable : la suppression des E3C

Pour redonner du sens au Bac 2021 : 40 % de contrôle continu, 60 % d’épreuves terminales !

Faute d’avoir écouté les personnels et accepté des pistes de simplification pour les E3C, le ministère est aujourd’hui confronté à un « grand bazar ». Après les blocages, les tensions dans les lycées, vient le temps des bugs de correction et bientôt les déchirements prévisibles des commissions d’harmonisation. Cette perte de  temps et d’énergie doit cesser avant le déroulement d’une 2e session qui s’annonce tout aussi cauchemardesque.

À ce stade, seule la suppression totale des E3C serait en mesure d’alléger, simplifier et redonner du sens au baccalauréat.

Qui a peur du contrôle continu ?

Supprimer les E3C, c’est délivrer un bac avec  40 % de « vrai » contrôle continu : 40 % pour des notes du bulletin, portées par les enseignants de toutes les disciplines, y compris les options, dans différents cadres d’apprentissages avec des modalités variées (TP, oral, exercices d’application, recherche,  synthèses…).

Le contrôle continu présente de nombreux avantages, notamment la simplicité et la confiance affichée envers le professionnalisme des enseignants.

Personne ne conteste plus le gain majeur de simplicité qu’apporterait du contrôle continu au regard des modalités monstrueuses des E3C (anonymisation, numérisation, échanges de copies, harmonisation…).

C’est la notion de confiance qui est en réalité toujours mise en cause dans le refus catégorique de certaines organisations syndicales d’accepter une part de contrôle continu pour la délivrance du bac.

Pourtant, du contrôle continu existe déjà dans toutes les séries, gérées intégralement par les équipes :  les CCF en EPS, les langues, les TPE, les ECE en sciences expérimentales, dans l’enseignement agricole et surtout dans les diplômes universitaires : qui  remet leur valeur en cause au prétexte de diplômes « maison » ? Ces diplômes sont mêmes reconnus au niveau européen dans le système LMD, qui permet aux étudiants de cheminer en Europe.  Pourquoi ne pas accorder au baccalauréat, 1er diplôme universitaire, le bénéfice de ces modalités ?

Une preuve de confiance envers les enseignants…

C’est sans doute essentiellement parce que le système éducatif n’accorde pas sa confiance aux agents (et aux enseignants en particulier), que la prise en compte du contrôle continu reste problématique en France. Ailleurs en Europe, la plupart des systèmes éducatifs prennent en compte une part de contrôle continu à côté de l’examen terminal pour délivrer l’équivalent du bac : 25 % en Italie, 60 % en Allemagne.

Et à ce stade, il n’est pas question de ne faire porter le bac que sur du contrôle continu, mais sur un partage 40/60 pour conserver le cadre imposé, mais en l’améliorant largement. Cette répartition permettrait au moins de garder aux partisans de « l’égalité » l’assurance que le bac serait bien fondé majoritairement sur des critères « universels ».

Et puisque désormais les spécialités sont passées en mars, elles compteront aussi pour l’orientation post-bac : l’orientation comprendrait donc  une partie « objectivée » et équivalente, contrairement à aujourd’hui, où elle ne repose que sur les notes des bulletins.

Pour le Sgen-CFDT, des réflexions sur le contrôle continu sont nécessaires en conseil pédagogique dans les établissements (voire en CA), afin d’aller vers des pratiques plus encadrées collectivement.  Cet encadrement permettrait aussi de résoudre les craintes de pressions des familles sur les notes par une régulation  acceptable et pertinente car partagée.

 …qui peut donner au bac son sens de passeport pour le post-bac.

Aujourd’hui le bac possède un double rôle : certifier un niveau de fin de scolarité, mais aussi à ouvrir les portes du supérieur. Il n’est pas question de le remettre en cause, et l’introduction de contrôle continu ne le fragilise pas : la certification nationale du niveau de compétences  et de connaissances  se fait par des épreuves terminales mais une partie de l’attribution du bac tient compte de la progression et de l’engagement des élèves.

Ce double rôle est bien celui d’un « bac passeport » : avec ses « visas » (les épreuves terminales) il permet de savoir quels apprentissages ont été suivis, quel niveau a été atteint et quelles destinations post-bac sont ouvertes, mais il permet aussi de suivre la progression du « voyageur » dans son parcours grâce au contrôle continu, et notamment la diversité des profils (les options notamment offrent cette diversité).

Le Sgen-CFDT revendique pour plus de lisibilité de ce passeport un « supplément au diplôme » qui formaliserait ce parcours jalonné par le contrôle continu.  Preuve d’engagement et de sérieux le contrôle continu permet :

  • aux élèves de prouver leur investissement dans les apprentissages proposés
  • au jury de mieux appréhender la progression de l’élève et le cas échéant de justifier les « points de jury » permettant de faire basculer un candidat « du bon coté »
  • aux filières du supérieur d’avoir un regard sur les apprentissages et pas seulement sur la validation d’un candidat.

Les « attendus du supérieur » ne sont pas uniquement des niveaux de compétences dans les spécialités, mais des compétences transversales, et notamment certaines qui sont bien peu évaluables en épreuves terminales : l’autonomie, l’engagement, le sérieux et la motivation.

Une seule solution : la suppression totale des E3C

Pour le Sgen-CFDT, le ministère doit saisir cette opportunité de redonner du sens au Bac qu’il a voulu lui-même rénover, sans s’en donner ni le temps ni les moyens. L’opportunité de réaliser un bac du XXIème siècle était actée par tous, et attendue, elle est certainement refermée pour longtemps. La précipitation a abouti à un ensemble de procédures mal pensées, mal préparées. Il n’est pas question pour le Sgen-CFDT de défendre une réforme bâclée, mais de sauver les agents et les élèves d’un désastre prévisible si rien ne change.