La publication des arrêtés sur les concours dits « rénovés » de recrutement des enseignant.es et des CPE à partir de la session 2022 ne change pas la donne. Plus d’un an d’attente pour voir se confirmer le pire des scénarios...
La publication des arrêtés au JO du 25 janvier 2021 n’apporte pas de nouveauté à la « Fiche concours » communiquée par la DGRH le 20.11.2019.
Les épreuves du concours restent trop nombreuses et trop lourdes.
Il y aura au moins deux écrits et deux oraux, voire plus selon les concours.
Pour le premier degré, par exemple, on passe de deux à trois écrits d’admissibilité (en ajoutant une épreuve sur les autres domaines enseignés à l’école en plus des épreuves de français et de mathématiques) et le temps de composition est également augmenté (on passe de huit heures actuellement à neuf heures pour 2022).
Les contenus des épreuves ne porteront pas suffisamment sur les compétences professionnelles.
On redemande à la majorité des candidates ou des candidats pourtant détenteurs d’une licence et d’un master de prouver leur maîtrise de connaissances déjà validées par l’université.
Il faudra attendre la publication des « sujets 0 » pour saisir pleinement l’évolution ou non des épreuves et s’assurer que le master MEEF représentera bien une plus value mais pour le moment, l’architecture même des épreuves ne nous rassure pas.
Même l’introduction d’un « entretien professionnel » à l’oral d’admission du concours (oral 2) est une fausse bonne nouvelle.
Pour le Sgen-CFDT, il s’agissait surtout de proposer au candidat un temps d’échange suffisamment long avec le jury pour lui permettre de valoriser son parcours et son engagement.
Nous avions précisément proposé la mise en place d’un portfolio constitué progressivement par l’étudiant.e.
À la place, nous trouvons un oral scindé en deux parties :
- un premier moment de quinze minutes où le ou la candidat.e esquissera son parcours universitaire et/ou professionnel
- et un second moment où il / elle devra traiter en vingt minutes deux situations professionnelles différentes.
Le déplacement du concours en fin de M2 à partir de la session 2022 n’a pas donné lieu au changement systémique pourtant indispensable à l’évolution de la formation initiale et des concours.
Qu’en penser ?
- L’accumulation d’épreuves écrites et orales aux concours montre bien que la mise en place des ÉSPÉ (INSPÉ maintenant) et du master MEEF depuis 2013 n’a toujours pas été intégrée (digérée?) par bon nombres d’acteurs du système qui portent en partie la responsabilité de reconduire des épreuves qui ne tiennent pas compte de la formation en alternance dans ce master.
- La publication tardive des arrêtés montre bien que différentes visions du métier et du recrutement se sont confrontées ces deux dernières années depuis l’annonce par les ministres de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur en février 2019 de déplacer le concours en fin de master.
Les arbitrages ne sont absolument pas satisfaisants et, globalement, ce concours devient un empilement de situations qui montre bien que l’ « Institution » dans son ensemble n’a pas été capable de trancher entre une énième restitution de contenus académiques pour recruter de futurs enseignant.es et une vraie volonté de travailler sur des situations professionnelles authentiques.
C’est finalement un non-choix qui aboutira à un grand écart, à la fois pour les formateurs et les formatrices à l’Inspé (lesquel.le.s devront composer avec un cahier des charges à nouveau très lourd) mais aussi pour les étudiant.es (lesquel.le.s seront asphyxié.es par la préparation et la passation de telles épreuves parallèlement à la validation de leur master et à la conduite de la classe pour celles et ceux en alternance).
Le Sgen-CFDT exprime à nouveau ses plus vives inquiétudes sur la mise en œuvre de la réforme à la rentrée 2021. Le dispositif de formation initiale tel qu’il a été finalement arrêté après plus de deux ans de négociations n’est pas tenable. Les nouvelles épreuves des concours à partir de la session 2022 en sont le terrible reflet.