La pression des épreuves de spécialité en mars vient d’être levée avec l’annonce ministérielle de leur suppression. Cela permet ainsi aux élèves et aux équipes d’envisager plus sereinement leur travail jusqu’en juin. Mais la mise en œuvre du contrôle continu n’est pas sans poser des difficultés...
Une trajectoire claire est enfin tracée pour faire face aux incertitudes de la crise sanitaire. Mais la mise en œuvre du contrôle continu n’est pas sans difficulté, surtout en l’absence de réflexion collective.
Un contrôle continu à construire en équipe
Il est encore temps d’engager une réflexion par équipe disciplinaire dans les établissements sur la mise en œuvre du contrôle continu pour la fin de cette année si particulière, mais aussi pour les années suivantes. En effet, si cette année le contrôle continu remplace les épreuves de spécialité de manière un peu improvisée à cause de la situation sanitaire, la réforme fait du contrôle continu 40 % de la note du baccalauréat des élèves. Pourtant il n’y a eu quasiment aucun accompagnement ni formation sur ce sujet fondamental, et chacun applique des modalités d’évaluation au quotidien parfois très diverses.
Pour le Sgen-CFDT, il s’agit d’ouvrir des temps de réflexion sur ce sujet.
Il est indispensable de décider collectivement de l’articulation des moments et des repères d’évaluation de natures diverses, pour assurer aux élèves (et à leurs familles) que les notes portées sur le livret scolaire dans les moyennes sont bien un reflet « juste » de leurs compétences, connaissances et aptitudes.
Par ailleurs, le contrôle continu est aussi un élément à relier avec les attendus des filières post-bac, de façon à permettre aux élèves de se projeter dans leur entrée dans l’enseignement supérieur.
Aussi, faciliter les espaces de discussion des équipes pour une meilleure harmonisation des pratiques d’évaluation au sein des établissements va être la priorité de la période qui commence.
Des instances mobilisées pour plus de cohérence et de solidité
Pour le Sgen-CFDT, il est impératif d’établir collectivement ce qui composera la note du contrôle continu des spécialités comptant pour l’obtention du baccalauréat. Le conseil pédagogique doit être le garant du cahier des charges du contrôle continu de façon générale, et en particulier cette année.
Les conseils d’enseignements ou de spécialités doivent également être mobilisés pour décliner concrètement le cahier des charges de ce contrôle continu afin de garantir une équité entre les élèves de l’établissement dans un même discipline.
Le conseil de classe est légitime pour étudier chaque situation d’élève à l’aune de ce nouveau scénario, déterminant pour Parcoursup mais également pour l’obtention du baccalauréat. C’est l’occasion réinventer son fonctionnement et de faire réellement confiance aux équipes pédagogiques qui n’ont eu de cesse d’accompagner et rassurer leurs élèves depuis le début de cette crise sanitaire.
Enfin, pour conforter et rendre visible la manière d’évaluer les élèves, et afin de prendre en compte les situations particulières liées aux conditions d’apprentissage,
il sera nécessaire de présenter le cahier des charges au Conseil d’Administration et d’en faire une communication explicite aux élèves et aux familles.
Des repères pour le contrôle continu plutôt que des normes !
Ce travail pourrait être étayé par des repères d’évaluation définis nationalement, mais pour le Sgen-CFDT il faut éviter toute « sur-administration » du Baccalauréat afin d’en garder le sens et non de le noyer dans des procédures inutiles. Ces propositions de repères fondés sur les compétences du livret scolaire et des programmes devraient être explicitées et accompagnées par les corps d’inspection. Mais ce travail sur des repères d’évaluation du contrôle continu est une réflexion qui doit se poursuivre au-delà de la crise sanitaire.
Et c’est bien un jury de délibération qui, souverain, en prenant appui sur le livret scolaire du lycéen comme par le passé, délivrera le baccalauréat.
Un Grand Oral pour “ritualiser” le baccalauréat 2021 et reconquérir le mois de Juin
Cette session du baccalauréat 2021 pourrait se clore avec la seule épreuve du « grand oral » comme épreuve terminale d’une scolarité bouleversée par la crise sanitaire. Cette nouvelle forme d’épreuve pourrait devenir un vrai rite de passage entre le monde de l’enseignement secondaire et le monde de l’enseignement supérieur. Un grand oral qui ne serait pas celui qui décide du sort des élèves comme celui de quelques grandes maisons, mais qui tirerait le bilan d’un parcours en traçant les lignes de celui qui le suit.
Cette année, le mois de juin sera particulier à cause de l’absence d’épreuves écrites et donc de corrections.
Ce temps sera donc « effectivement » disponible pour les enseignements et pour la préparation du grand oral et permettra peut-être de rééquilibrer une année si perturbée. Mais cette fin d’année même en situation « ordinaire » telle qu’elle était prévue dans la réforme, avec seulement quelques épreuves organisées en juin, devrait peut-être aussi pérenniser enfin l’idée que le mois de juin est vraiment un mois comme les autres en lycée.