Le Ministère a annoncé les résultats des évaluations nationales, l’occasion pour le ministre de s’attribuer un satisfecit pour sa politique menée depuis 2017. Si les élèves retrouvent le niveau d’avant la crise sanitaire, ne serait-ce pas tout simplement parce qu’ils sont retournés à l'école ?
Faut-il donc voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ?
Telle est la question que l’on peut se poser au vu des résultats des évaluations nationales dont les résultats ont été annoncés par le Ministère.
Le Sgen-CFDT ne peut que se réjouir des progrès des élèves liés avant tout au travail quotidien des enseignants, des équipes pédagogiques plus sûrement qu’à une politique décidée nationalement.
Une politique dont on peut légitimement douter de l’ efficacité réelle tant il faut regarder prendre ces résultats avec précaution.
Évaluations : un retour à la « normale » après le confinement
Le confinement avait marqué les résultats des élèves avec une baisse conséquente de la réussite tant en maths qu’en Français, une conséquence normale d’une scolarité qui avait été tronquée.
Les évaluations 2021 marquent donc un retour à la normalité du niveau des élèves, en tout cas pour le français où les résultats sont proches de ceux mesurés avant le confinement.
En maths, il faut cependant être plus mesuré puisque les résultats se situent en moyenne 2 % en dessous de la réussite aux évaluations passées en septembre 2019.
Pour la maîtrise de l’addition et de la soustraction en début de CE1 les écarts sont même respectivement de 4 et 5 %.
On est donc loin de l’objectif d’une maîtrise des quatre opérations dès la fin du CE1, objectif affiché par le ministre à son arrivée.
Preuve qu’il ne suffisait pas de diffuser des directives considérées dès le départ par les enseignants comme déconnectées des réalités.
Les compétences des élèves se construisent progressivement et les apprentissages dépendent de leurs capacités à chaque âge, non de préconisations ministérielles théoriques.
Des résultats contrastés en français
En matière de reconnaissance des lettres et d’écriture de mots, le niveau progresse en CP et CE 1, d’autres compétences mesurées témoignent par contre d’une certaine stagnation.
On constate ainsi que les performances concernant la fluence de lecture sont comparables à celles mesurées avant le confinement. Mais 50 % des élèves qui arrivent en sixième ont une lecture insuffisamment fluide.
Mais aussi en maths !
En maths, les résultats sont tout aussi contrastés.
Globalement, les résultats marquent le retour au niveau mesuré avant le confinement, ils ont même progressé notamment pour la lecture ou l’écriture des nombres entiers. Le sens donné au nombre reste cependant encore mal maîtrisé en début de CE1.
La maîtrise des deux opérations addition – soustraction en début de CE1 a également progressé gagnant respectivement +3 et +5 points.
Et des inégalités qui ne se sont pas résorbées malgré la politique sur l’éducation prioritaire
Pour le Sgen-CFDT, l’information essentielle à retenir des résultats de ces évaluations est le maintien d’écarts de performance très importants entre les élèves relevant de l’éducation prioritaire et les autres.
Malgré le dédoublement des classes de CP, mesure emblématique du ministère, on mesure toujours un écart de 25 points pour la reconnaissance des mots et de 17 points pour la résolution de problèmes.
Difficile d’en conclure que cette mesure n’est pas efficiente… Compte-tenu des effets de la crise sanitaire, quels auraient été les résultats sans cette mesure ?
Au regard des moyens engagés pour le dédoublement des classes de CP et de CE1, la question de l’évaluation du dispositif reste posée.
Pour le Sgen-CFDT, pour qu’elle soit réellement objective, l’évaluation de l’impact d’une politique publique devrait être assurée par un organisme indépendant et non par ceux qui l’engagent.
Des enseignants qui ne s’emparent pas de ces évaluations
Le Ministère estime que 50 % des enseignants utilisent ces évaluations pour travailler le parcours de leurs élèves.
Malgré les pressions exercées dans certaines circonscriptions, beaucoup d’enseignants préfèrent utiliser des outils plus appropriés, qu’ils ont pensé, réfléchi souvent en équipe pédagogique.
Chronophages, coûteuses, ces évaluations n’ont donc pas malgré leur quatrième année d’existence trouvé une adhésion des enseignants qui y participent, plus par obligation que pour réellement les utiliser à des fins pédagogiques.
Si ces évaluations nationales ont progressé dans leur conception, les enseignants ont encore du mal à leur donner un sens.
Pour le Sgen-CFDT, c’est même la question majeure.
Si ces évaluations sont menées à des fins de pilotage du système éducatif est-il nécessaire qu’elles soient massives ? Ne serait-il pas plus judicieux auprès d’un panel représentatif ? Une méthode que la DEPP, maîtrise parfaitement.
Il faut donc savoir raison garder !
Dans sa communication, le ministère dit voir dans ces résultats le fruit de la politique menées depuis quatre ans. Pour le Sgen-CFDT, ils mériteraient d’être présentés avec plus de modestie.
Enfin, le fait d’expliquer le manque de progression des résultats entre le milieu de CP et le début du CE1 aux « congés estivaux » pour les publics défavorisés est un raccourci un peu facile. Reste que l’accès à une offre éducative pendant la période estivale devrait être une priorité.
Pour le Sgen-CFDT, ces évaluations ne peuvent et ne doivent pas être l’élément central d’une politique éducative. Elles ne peuvent pas non plus être la seule référence des enseignants et plus largement des équipes pédagogiques pour trouver les solutions pédagogiques qui favorisent les progrès de leurs élèves.