Propositions des candidats, tribune LREM, et même petite phrase du ministre : le collège revient dans le paysage politique après 6 ans d’absence à l’occasion de la présidentielle.
Et force est de constater qu’on n’est pas loin du concours Lépine, avec un large panel de propositions allant du retour au passé avec une sélection précoce jusqu’au big-bang pédagogique de l’école du socle en passant par une déclaration du ministre expliquant qu’il faudra s’occuper du collège après s’être occupé de l’école et du lycée.
Pas de grands soirs, mais des actes et du sens
Les deux ans de perturbations liées au Covid ont montré l’importance des dynamiques d’équipes d’établissement pour accompagner au mieux les parcours des élèves. Elles ont eu aussi pour effet un épuisement et un morcellement des collectifs qui doit être pris en compte.
Plutôt que de tout réinventer il faut repartir de l’existant.
La réforme du collège initiée à la rentrée 2016 a posé des jalons plus que jamais d’actualité malgré l’absence complète de portage politique durant cinq ans : organisation par cycles, accompagnement personnalisé, interdisciplinarité, socle commun, évaluation par compétences…
Cette boite à outils, complétée par le dispositif Devoirs faits initié en 2017, a donné du pouvoir d’agir aux équipes et permis des évolutions pédagogiques passées en grande partie sous les radars politiques, ce qui n’est peut-être pas plus mal.
Mais la crise sanitaire et le détricotage Blanquer ont parfois freiné ces dynamiques. Le grignotage constant des marges d’autonomie des moyens ont pesé aussi sur le collège.
Il faudra donc impérativement prendre le temps de l’évaluation de l’action éducative effectivement mise en œuvre pour définir des évolutions susceptibles répondant aux besoins identifiés et aux buts fixés au collège.
Pour le Sgen-CFDT, l’objectif prioritaire est clairement défini par deux lois (2005 et 2013) : garantir la maîtrise des compétences du socle commun à tous les élèves.
Le Sgen-CFDT propose pour cela que soit approfondi le caractère curriculaire de ce socle (sur la notion de logique curriculaire, des éclaircissements ici) pour renforcer le lien entre les apprentissages disciplinaires et donner plus de sens à la validation des compétences qui suffirait à l’obtention du DNB.
Il propose aussi de faciliter l’accompagnement du parcours de tous les élèves dans une logique inclusive en en reconnaissant financièrement mieux les missions, en relançant la politique des cycles, en étendant au collège les professeurs référents pour un tutorat multi-âges, en donnant du temps de concertation pour le nécessaire travail en équipe pluriprofessionnelle (enseignants, CPE, PsyEN, AESH, AED…), en améliorant la liaison 3e-2des par l’amélioration des outils numériques disponibles et par la création d’un conseil collège-lycées dont les modalités restent à discuter.
Relancer l’éducation prioritaire, qui concerne un collège sur cinq
Le Sgen-CFDT avait obtenu qu’il n’y ait pas de généralisation des contrats locaux d’accompagnement (CLA), qui plus est à la rentrée 2022.
Mais l’annonce d’une extension du dispositif à 12 nouvelles académies faite sur Twitter par l’ancienne secrétaire d’Etat à la dernière minute de son mandat est une politique de Gribouille.
Il faut en effet prendre a minima le temps d’une véritable expérimentation sur trois ans (la durée annoncée des CLA) pour en évaluer les effets sur des écoles et des établissements qui étaient jusque là les « angles morts » de la carte de l’Éducation prioritaire « historique ».
Il est donc impératif de relancer dans le même temps la dynamique initiée en 2015 par la Refondation de l’Éducation prioritaire qui repose sur un travail pédagogique en réseaux structurés autour d’un référentiel national, de projets de réseaux, d’écoles, et d’établissements, de dynamiques d’équipes, de pilotes, de coordonnateurs, de formateurs, d’innovations pédagogiques et de travaux de chercheurs.
Ce travail collectif doit impérativement être préservé et conforté, c’est tout l’enjeu des mesures d’attractivité et de reconnaissance de l’investissement des personnels : pondérations horaires, reconnaissance de temps de concertation, formation, primes (qui doivent concerner tous les personnels), améliorations de carrière, bonification pour le mouvement.