Quelles structures en Europe pour les enfants de 3 à 6 ans ?

Scolarisation, garde, éveil... Comparaison des différents modes d'accueil pour les enfants de 3 à 6 ans en Europe.

En Europe, des pays ont fait des choix différents sans que cela ne vienne mettre en cause la réussite future de l’enfant.
Mesure phare de la Loi « École de la confiance » lors du précédent quinquennat, l’obligation scolaire à 3 ans des enfants a permis de mettre en avant le rôle essentiel de l’école maternelle dans le développement de l’enfant.

Des exemples différents, des situations diverses en Europe

En 2019, la France a donc été le second pays européen à décréter la scolarisation obligatoire à 3 ans après la Hongrie.
La plus grande partie des pays européens la place plutôt à 5 ou 6 ans.
Seule l’Estonie la rend obligatoire plus tardivement, à 7 ans.

Dès lors, avant cet âge obligatoire, on ne peut pas vraiment parler d’école pour les enfants de 3 à 6 ans mais de structures préscolaires qui ont pourtant un rôle important dans le développement cognitif de l’enfant.

 europe
Cliquer pour agrandir

Ainsi en Allemagne, ce sont les « Kindergarten », des jardins d’enfants qui tiennent ce rôle. Les classes de niveaux n’y existent pas et les enfants font essentiellement des activités où toute la journée, on va prioriser la socialisation et des activités ludiques.
Idem en Norvège avec les Barnehage où les enfants sont accueillis dès l’âge d’un an. Les activités qui y sont menées se passent essentiellement en extérieur y compris la sieste qui se pratique dans des poussettes.
En Italie, les enfants de 3 à 6 ans peuvent fréquenter les « asilo » des établissements qui prennent en charge les enfants jusqu’à leur entrée en école primaire. Ce sont des lieux considérés par les familles comme importants car ils permettent de sortir l’enfant de son cadre familial, de développer la maîtrise la langue orale et de développer la relation à l’autre.

Des structures qui ne sont pas forcément gratuites

Si beaucoup de pays européens sont conscients de l’importance de ces structures préscolaires, la gratuité pour y accéder ne va pas forcément de soi.
S’ils sont nombreux à pratiquer un tarif social en fonction des capacités financières de la famille (c’est le cas de l’Italie par exemple), le coût pour une famille peut s’avérer élevé.
C’est le cas en Allemagne où cela pousse de nombreuses femmes à préférer le travail à temps partiel.
Si les pays scandinaves font figure de modèle dans le domaine, des pays comme l’Allemagne ont pris des mesures pour favoriser l’accueil des enfants notamment sur l’année précédant l’entrée à l’école primaire.
Ainsi, une famille allemande a droit à une année de jardin d’enfant gratuit ou d’accueil préscolaire gratuite, un accueil financé sur les fonds publics.
Au Royaume-Uni, les familles peuvent bénéficier de cet accueil gratuit 15 heures par semaine.

Sur les recommandations de l’Union Européenne, néanmoins, on se dirige progressivement vers une universalisation de la gratuité pour l’accueil des enfants de 3 à 6 ans.

Une fréquentation très diverses d’un pays de l’Europe à l’autre

Cela a évidemment des conséquences sur la fréquentation de ces structures par les enfants.
La moyenne européenne de fréquentation des enfants de 3 à 6 ans est de 74 % environ avec des disparité importantes.
Les meilleurs élèves en la matière sont l’Italie, la Belgique, l’Espagne, le Portugal et bien sûr la France avec un taux de présence proche des 100 %.
En Finlande, en Grèce ou en Pologne, ce taux est inférieur à 50 %, beaucoup de familles préférant garder leurs enfants à la maison ou les faisant garder par des assistantes maternelles. Là encore pour ces derniers, ce taux est en constante augmentation.

Des apprentissages basés sur le jeu

Peu de pays ont conçu pour ces enfants des programmes spécifiques comme ce qui peut exister en France.

L’autonomie qui leur est donnée est très importante en la matière et la plupart des activités sont centrées sur le jeu et la découverte de la collectivité.

europeLe projet qui est construit est souvent spécifique à la population accueillie et la prérogative du chef d’établissement. Cela vise avant tout à installer les codes que les enfants vont pouvoir par la suite rencontrer en intégrant l’école primaire. Ainsi, l’inclusion et la culture de la différence font partie intégrante des pratiques des personnels encadrants.
On voit même au sein de nombreuses structures comme au Danemark ou en Irlande se développer des initiatives visant à intégrer les familles afin qu’ils puissent partager la journée de leur enfant et ainsi mieux comprendre ce que l’on attend d’eux.

Taux d’encadrement: la France ne fait pas figure de bon élève en Europe

Il est vrai que le taux d’encadrement des enfants est souvent beaucoup plus faible qu’en France (23 élèves en moyenne au sein de notre pays).
La moyenne des groupes d’élèves dans ces structures est en Europe de 13 enfants (6 dans les pays scandinaves) ce qui facilite les échanges et les interactions entre les enfants mais aussi entre l’enfant et l’adulte encadrant.
Les temps d’échanges hebdomadaires dont bénéficient les personnels pour travailler en équipe et construire les temps d’apprentissages des enfants facilitent leur action.
Certaines priorités sont cependant données par le gouvernement, comme par exemple , l’éducation à l’utilisation des écrans, l’aménagement de l’espace ou encore la sensibilisation à la santé.
Les personnels, quant à eux bénéficient très régulièrement de formations basées sur des temps d’échanges de pratiques et de travail de type « recherche-action ».

Un recrutement des personnels de plus en plus universitaire en Europe

Les personnels qui encadrent les enfants ont de plus en plus un niveau supérieur ou universitaire similaire aux enseignants de leur pays.
Mais, certains pays ont fait le choix de privilégier des recrutements au niveau secondaire ou professionnel.
C’est le cas par exemple de l’Allemagne, de l’Autriche ou de la République Tchèque.
Malgré ce recrutement à un niveau moindre, ces pays mettent en place une formation initiale et continue importante pour que ces personnels puissent « apprendre » leur métier. Cette formation, qui se fait de plus en plus en alternance, doit permettre de confronter ce qui se fait en stage aux apports théoriques nécessaires pour exercer le métier.

La structure préscolaire : un enjeu pour les familles défavorisées

Difficile de faire un lien entre la scolarisation précoce et la réussite de l’enfant plus tard.
Les études PISA, qui mesurent les acquis des élèves à l’âge de 15 ans montrent que des pays comme la Finlande où 50 % des enfants seulement sont préscolarisés sont pourtant en tête de ce classement.

Il y a cependant consensus pour dire que la scolarisation entre 3 et 6 ans est fondamentale pour le développement de l’enfant et notamment sa socialisation. Elle est avant tout bénéfique pour les enfants issus de milieux défavorisés.

Ce constat est désormais une norme que la plupart des pays ont intégré à leur politique en matière de petite enfance. Le taux d’encadrement est certainement un gage de réussite et en la matière, la France a donc de gros progrès à faire.