Mise en place du nouveau protocole sanitaire dans le 1er degré : retours de collègues travaillant en maternelle et élémentaire

Les collègues du premier degré se sont mobilisés.ées pour répondre au questionnaire qui a été envoyé à tous les personnels de l’Éducation Nationale.
Le SGEN CFDT les en remercie.
Voici ce qu’ils ont répondu.

Remarques sur l’organisation adoptée en primaire

  •  Les collègues ont mis en place une organisation dans l’urgence pour répondre aux exigences des protocoles successifs. Les directeurs et directrices ont été fortement mis à contributions à la rentrée de novembre alors que la souffrance liée à leurs conditions de travail en temps ordinaire était déjà présente. Les ajouts d’ordres et contre-ordres reçus par les médias auraient pu contribuer à des dysfonctionnements qui auraient mis en danger l’école. Encore une fois les équipes ont rattrapé les cafouillages organisationnels des hauts fonctionnaires de l’Éducation Nationale .
  •  Dans beaucoup d’école, les récréations ont été échelonnées.
  •  La circulation des élèves a été revue dans de nombreux établissements mais pour ceux qui ont de gros effectifs, il est difficile de limiter le brassage et la distanciation.
    Les entrées et sorties ont parfois été repensées : dans une école, trois horaires différents ont été nécessaires afin de limiter le brassage ; dans une autre, les élèves ne sont plus accueillis dans la cour mais directement dans leur classe, ajoutant des temps de classe et de présence devant élèves pour les enseignants.
  •  L’organisation de la restauration collective a aussi souvent été modifiée, toujours de façon à limiter les brassages d’élèves. Dans certains établissements, les enfants mangent désormais par classe au réfectoire et/ou s’installent toujours à la même place, ce qui permet d’identifier facilement les cas contacts. Cependant, des enseignants déplorent que les enfants sont encore trop nombreux dans un espace clos et que le personnel municipal qui intervient à la pause méridienne soit en nombre insuffisant, ce qui ne permet pas d’assurer le non-brassage. On peut malgré tout remarquer que quelques parents font déjeuner leur enfant à la maison afin de diminuer les effectifs pendant le temps de cantine.
  •  Au sujet de l’hygiène et du bien-être : un.e collègue explique que les masques et le gel hydroalcoolique ont été livrés 2 jours après la rentrée. Il arrive également que le savon ou le papier dans les sanitaires viennent à manquer. Plusieurs collègues témoignent du fait que certains masques ont été distribués par les circonscriptions alors qu’ils pouvaient être dangereux pour la santé des personnels.
  • En élémentaire, les élèves portent le masque… mais celui-ci est parfois trop petit, d’autres fois trop grand. Il est nécessaire de faire très fréquemment le rappel des gestes barrières (port du masque sous le nez ou sous le menton). Dans les petites classe, le port du masque est un frein aux apprentissages. Des enseignants se plaignent de ne pas entendre les enfants. Ils.elles doivent parler plus fort, ce qui occasionne des maux de gorge en fin de journée.
  •  Si dans certaines écoles les réunions pédagogiques se font en distanciel, il arrive fréquemment qu’elles se tiennent en présentiel. Certains collègues ne sont pas équipé.e.s pour faire de la visio à leur domicile.

Inquiétudes

Les collègues de primaire expriment leur incompréhension :

  •  L’un.e d’entre eux met en lumière le décalage entre les règles sanitaires qui prévalent dans les écoles et le manque d’hygiène et de distanciation dans les parcs pour enfants, où se retrouvent les écoliers à 16h30;
  •  Un.e autre s’étonne du brassage des élèves dans d’autres classes en cas d’absence et de non remplacement d’un enseignant.
  • Certains soulignent la nécessité “d’une communication claire, explicite, solide” :

 « Les informations par voie médiatique sont reçues avant la voie institutionnelle : très pénible… » exprime un.e collègue, “Cela crée le sentiment de devoir toujours réagir dans l’urgence”.

  • Un.e autre aimerait que “les médias connaissent la réalité des écoles primaires face au COVID, qu’ils sollicitent davantage les professionnels de l’éducation qui sont sur le terrain pour que les parents et l’Éducation Nationale soient conscients de ce qui se passe réellement”.
  •  Un.e enseignant.e remarque que les médias témoignent de la réalité sanitaire dans les collèges et lycées, mais que les écoles ne sont jamais mentionnées… comme si tout allait bien en primaire ! Le recensement des cas COVID dans l’Éducation Nationale (élèves et enseignants) ne lui semble pas se faire de manière transparente.

Les termes « stress » et « épuisement » reviennent à de nombreuses reprises :

Les directeurs doivent constamment réagir dans l’urgence, gérant ordre et contre-ordre à mettre en place du jour au lendemain, en plus des nombreuses autres tâches habituelles de direction.

  • La plupart des enseignants assurent désormais 100% de la surveillance lors des récréations… il n’y a donc plus de temps de pause pour organiser sa classe, corriger ou souffler tout simplement ! Ou aller aux toilettes !
  •  L’idée de l’allégement de la journée de travail émerge chez certains professeurs des écoles pour atténuer “la fatigue consécutive aux conditions de travail actuelles” (s’adapter à la lourdeur du protocole tout en essayant de gérer de front sa mission pédagogique et les relations avec des élèves tendus et des parents inquiets).
  • Du côté des élèves, ils sont plus fatigués eux aussi, plus énervés, moins concentrés (confinement, pas d’activités extra scolaires, quasiment plus d’occasion pour sortir des classes, espace scolaire réduit…). De plus en plus de familles se retrouvent en situation précaire suite à la perte de leur travail ou face au risque de le perdre. Ces tensions intra-familiales s’ajoutent aux tensions liées à la Covid, au confinement et à l’urgence sécuritaire. Certains PE remarquent que les enfants ne sont plus disponibles pour les apprentissages après seulement deux semaines de reprises.
  • Les élèves ont de plus en plus de problèmes de comportement, remarquent d’autres.
  • Une collègue émet le souhait que les programmes soient adaptés et que des temps d’échanges soient prévus : elle estime que les élèves, les enseignants et les parents sont désemparés.