Le Pacte : des conséquences inquiétantes pour la qualité de l’enseignement

Le Sgen-CFDT fait un premier bilan des retours de rentrée dans les collèges et lycées et notamment sur la mise en place du Pacte.

La mise en place du Pacte est en cours. A partir des des retours de rentrée dans les établissements, le Sgen-CFDT en tire 3 constats :

Une compensation financière à la non-revalorisation du métier

Des collègues se sont porté.e.s volontaires pour effectuer des remplacements dans le cadre de la 1e mission du pacte. Elles et ils expliquent que leur motivation est financière, qu’elles et ils ont besoin de cette rentrée d’argent supplémentaire pour boucler leur fin de mois. C’est le premier effet de la non-revalorisation de nos rémunérations : nous contraindre à accepter des heures supplémentaires, souvent au pied levé, malgré des emplois du temps déjà bien chargés et des élèves toujours plus nombreux dans les classes.

Des pressions contre-productives

Une 2e constatation est que le nombre de collègues volontaires a été plus important dans les établissements où la direction a fait le moins de pressions… et a donné le moins d’informations précises : il a simplement été demandé aux volontaires de se signaler par écrit auprès de la direction.
Mais lorsqu’on propose de signer un engagement, plus de clarté est indispensable. Ce Pacte est bien une mission supplémentaire – comme celle de professeur principal-.

Le Sgen-CFDT déplore le flou actuel : les collègues doivent remplir une lettre de mission, qui précise au minimum ce qu’ils s’engagent à faire. Il leur faut être conscient.e.s des risques : si ces enseignant.e.s ne peuvent finalement pas assurer ces missions, tout ou partie de l’indemnité ne sera pas versée, ou alors elles et /ils se verront imposer des réunions, des tâches imprévues…

Le risque de « plus d’enseignement » au détriment du « mieux d’enseignement 0»

Une 3e constatation est que les collègues ont parfois accepté des remplacements sur des classes qu’elles et ils n’ont pas, parfois du jour au lendemain.
Comment préparer la séance dans ce cas ? Quel enseignement est possible ? Au mieux, une fiche d’activité en lien avec la progression de la ou du collègue titulaire de la classe, si une concertation a pu avoir lieu ? Sinon, une fiche ou une vidéo (vive l’émission « C’est pas sorcier » !) qui corresponde au programme annuel du niveau de la classe ?

Pour le Sgen-CFDT, l’acte d’enseigner n’est pas juste un temps de présence en classe, mais aussi un temps d’appropriation des programmes et enjeux d’apprentissage propre à chaque niveau et d’adaptation aux groupes d’élèves accueillis.
Remplacer au pied levé ne peut être que très ponctuel, au risque de dégrader la qualité des apprentissages et peut-être aussi des relations avec les élèves.
Un soutien individualisé, dans le cadre de l’École inclusive notamment, n’est plus envisageable.

En définitive, la priorité semble bien donnée à plus d’enseignement, sans vraiment prendre en considération la qualité de cet enseignement.
Pour  le Sgen-CFDT, des classes moins chargées, des emplois du temps allégés et moins décousus, qui faciliteraient des possibilités de Une revalorisation, oui, des heures sups, non !remplacements avec ses classes et donc une progression annuelle cohérente et un meilleur suivi des élèves, seraient plus efficaces.

Pour le Sgen-CFDT, aller vers « mieux d’enseignement » plutôt que « plus d’enseignement » est un objectif plus ambitieux, mais est indispensable pour répondre aux enjeux de complexification du monde de demain.