Cours moyen : l’IGESR publie un rapport sur l’enseignement

L'Inspection Générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche vient de publier un rapport concernant l'enseignement en cours moyen. L'analyse du Sgen-CFDT sur ses principaux constats et les préconisations.

Temps de récréation, équipement numérique, répartition des matières dans les emplois du temps, travail à la maison, manuels scolaires, évaluations… Le rapport de l’Inspection générale (IGESR) s’appuie sur des observations en classe, la consultation des outils utilisés par les élèves et des rencontres avec les enseignant.e.s  et les IEN (160 classes de Cours moyen représentatives des territoires et des profils d’organisation).

Si ce rapport a le mérite de mettre en lumière des réalités qu’il faut prendre en compte, le Sgen-CFDT ne partage pas pour autant toutes les préconisations de l’Inspection générale.

Mieux cadrer les temps de récréation…

Le rapport note que dans la majorité des emplois du temps, les récréations apparaissent sur des créneaux de 15 minutes et sur l’ensemble de la semaine. La durée hebdomadaire des récréations est dans 79 % des classes comprise entre 2 h et 2 h 40. Mais il relève aussi que des créneaux de 20 minutes figurent régulièrement dans les emplois du temps.

L’IGESR rappelle qu’un arrêté de 2015 fixe des récréations de quinze minutes par demi-journée soit deux heures par semaine. Le rapport préconise de « cadrer plus précisément le temps des récréations en fixant à 15 minutes la durée des récréations à l’école élémentaire avec une durée hebdomadaire maximale de 2 heures, afin de garantir une meilleure équité en ce qui concerne le temps d’enseignement pour les élèves de l’ensemble du territoire national ».

Pour le Sgen-CFDT, s’interroger sur les enjeux du volume horaire consacré aux récréations en termes d’équité est nécessaire, mais il ne faudrait pas pour autant aboutir à des prescriptions qui ne permettraient plus aux équipes d’avoir la moindre marge d’initiative pour tenir compte des réalités de leur école.

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Côté apprentissages, l’IGESR pointe la prédominance des fondamentaux, maths et français au détriment de disciplines telles que l’EPS, les arts plastiques, les sciences et la technologie.

C’est certes une réalité, mais c’est le fruit de l’importante pression exercée par l’Institution sur les enseignant.e.s pour améliorer la réussite des élèves sur ces enseignements dits fondamentaux.

Dès lors rien d’étonnant à ce que les professeur.e.s des écoles leur donnent la priorité dans leur classe au détriment d’autres matières.

L’inspection générale devrait peut-être aussi s’interroger sur les limites de la polyvalence des enseignants du 1er degré, sur les difficultés à enseigner certaines matières. Faute de formation et d’accompagnement ou tout simplement de matériel adapté, et/ou par crainte de mal faire, certain.e.s préfèrent donner la priorité à d’autres disciplines. Les sciences et la technologie en sont un bon exemple.

Le travail à la maison : une source d’inégalités

L’IGESR pointe  le non-respect de l’interdiction du travail à la maison qui date pourtant d’un texte de 1956 et  rappelée depuis dans d’autres textes.

Selon le rapport, 83 % des enseignant.e.s du premier degré donnent du travail à la maison au moins une fois par semaine et plus de la moitié en donnent tous les jours.  Les Inspecteurs Généraux et Inspectrices Générales rappellent que les devoirs à la maison sont un facteur important d’inégalités sociales. Un constat notamment relayé par ATD Quart Monde qui pointe le fait que « les devoirs » sont sources de conflits entre l’enfant et ses parents, et source de tensions dans les relations entre l’école et les familles.

Pour le Sgen-CFDT, cette question nécessite une grande vigilance car le travail à la maison (en particulier écrit) rajoute de la fatigue à tous les élèves dont les journées sont déjà très longues et c’est risque de mettre en difficulté ceux qui ne peuvent pas être accompagnés.

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Même s’il fait état de progrès importants, Le rapport, recommande une amélioration du niveau d’équipement informatique des classes.

88 % des classes de CM sont équipées notamment de vidéoprojecteurs mais si les collectivités territoriales ont fait de gros efforts d’investissements en la matière, tout n’est pas réglé pour autant. Certaines classes ou écoles ne disposent encore ni d’une connexion Internet adaptée aux besoins actuels, ni d’ordinateurs en fond de classe, ni d’outils collectifs interactifs type TNI.

Asseoir la collaboration entre les classes de cours moyen et la sixième

L’IGESR constate que les résultats des évaluations passées par les élèves en début de 6ème sont très peu transmis par les collèges aux enseignant.e.s de CM voire même aux IEN. Il est pourtant essentiel que les enseignant.e.s de CM1 et CM2 puissent en avoir communication puisque ces évaluations mesurent les compétences acquises par les élèves au cours des deux premières années du cycle 3.

Pour le Sgen-CFDT, la communication de ces résultats est effectivement essentielle pour nourrir les échanges entre les enseignants dans le cadre de la liaison école – collège et permettre aux enseignants de cours moyen d’ajuster leurs progressions ou de repérer des difficultés particulières.

La transmission de ces données ne peut évidemment constituer une fin en soi. La mise en oeuvre d’une véritable collaboration pédagogique entre école et collège reste un enjeu pour la réussite des élèves et leur accompagnement tout au long du cycle.  Mais pour être efficace et régulière cette collaboration demande du temps, du temps qui doit être reconnu.

D’autres préconisations pour le cours moyen

D’autres pistes sont évoquées dans ce rapport :

  • Limiter à 20 le nombre de personnes en formation, les formations « constellations » étant considéré comme un format satisfaisant pour les équipes pédagogiques,
  • Prévoir des offres de formations à distance pour les enseignants volontaires,
  • Inclure un volant évaluation dans l’ensemble des formations proposées par l’Institution,
  • Modifier les programmes de maths, sciences et géographie,
  • Favoriser l’achat de manuels en maths et en français pour les classes de cours moyen. (Encore faut-il que les dotations enfants des collectivités territoriales le permettent !)
  • Mieux différencier les apprentissages du CM1 et du CM2 notamment pour les classes où ces deux niveaux sont présents (42 % des classes).

Laisser des marges d’initiative aux équipes pédagogiques

Les analyses et préconisations de l’IGESR, en particulier celles relatives à l’équipement matériel (manuels et outils numériques), à la liaison école – collège, formation continue et volumes  horaires consacrés aux différents enseignements ne manquent pas d’intérêt.

Certaines peuvent amener les équipes à s’interroger sur leur organisation et leurs priorités mais beaucoup interrogent aussi l’institution (formation, liaison école-collège, programmes) et les collectivités locales dont le financement des équipements relève directement.

Pour le Sgen-CFDT, si le rrapport de l’IGESR permet des évolutions, elles ne doivent en aucun cas aboutir à des prescriptions rigides qui réduiraient la possibilité pour les équipes pédagogiques de faire des choix, sur la base d’une réflexion collective et d’analyses partagées, afin de tenir compte d’éléments objectifs propres aux réalités de leur école et de son environnement.