Bac Blanquer : non à l’incohérence !

Après la commission spécialisée lycée (CSL) du 13 mars, les textes sur le baccalauréat que le ministère a présenté aux organisations syndicales ont confirmé nos craintes. Pour le Sgen-CFDT, le projet tourne le dos aux objectifs affichés et alourdit la charge de travail des personnels.

Un « bac complexifié »

Les modalités proposées pour l’évaluation des résultats des élèves tiennent plus de l’usine à gaz que du choix politique.

Si le ministre reste fidèle à la promesse de campagne d’ Emmanuel Macron d’organiser peu d’épreuves terminales (qui compteront pour 60 % du bac), il fait le choix d’une construction très compliquée de définition du contrôle continu, qui compte pour 40 % du bac. Il comprend « en même temps » la prise en compte des résultats « ordinaires » des élèves pour 10 % et pour 30 % des partiels (dénommées « épreuves communes ») avec sujets nationaux, anonymat des copies et commissions d’harmonisation. Bref, au lieu d‘un seul bac en fin d’année de terminale, les élèves en passeront 4, sur les 2 années, avec le stress et le bachotage induits.

Bac Blanquer : non à l'incohérence !Un bac qui alourdit la charge de travail des enseignants

Le choix d’imposer des épreuves communes semestrielles va alourdir considérablement la charge de correction des enseignants : en plus des évaluations « classiques » organisées tout au long du semestre (pour alimenter le livret scolaire qui comptera pour 10 % du bac), il leur faudra corriger ces épreuves (qui compteront pour 30 % du bac). Aucun allégement ni aménagement de l’emploi du temps n’est prévu.

Un bac toujours inutile pour l’orientation post-bac des élèves

Le ministre avait annoncé la prise en compte des résultats aux deux épreuves de spécialité (du baccalauréat) pour l’orientation post-bac, alors qu’actuellement seuls les résultats des élèves en contrôle continu sont utilisés. Or le projet décale la passation de ces épreuves en fin d’année scolaire. Leurs résultats ne pourront donc pas être pris en compte dans Parcoursup et ces spécialités ne sont pas évaluées par les épreuves communes. Elles compteront donc uniquement, à part égale avec toutes les autres disciplines, dans la moyenne des notes « ordinaires » obtenues en contrôle continu. Le ministre réussit donc à faire l’inverse de ce qui était annoncé sur la meilleure prise en compte du baccalauréat pour l’orientation, ce qui constitue sans doute l’incohérence la plus magistrale du projet.

Un bac qui renforce les injonctions et directives, et réduit la liberté pédagogique des équipes

L’architecture et le contenu des épreuves communes sont globalement imposés par le ministère. Seules les charges techniques restent de la responsabilité du conseil pédagogique. Ce pilotage centralisé va aboutir à une rigidité des progressions, une uniformisation des pratiques pédagogiques et à des contraintes fortes sur les missions des personnels administratifs, des équipes de direction, de la vie scolaire.

Cela démontre bien le manque de confiance du ministre envers les personnels

Un bac coquille vide

Le projet précise les intitulés des épreuves, leurs coefficients et leur durée, alors même que les contenus des enseignements qui les préparent sont inconnus. Par exemple, on sait déjà que l’épreuve « Humanités, littérature et philosophie » durera 4 heures, pour un coefficient 16, et le Conseil supérieur des programme aura la charge de définir (plus tard…) ce que contient la spécialité et qui y enseigne. Peut-on définir une superstructure sans avoir réfléchi préalablement à l’infrastructure ? Réponse : non, sauf si on a décidé de bâtir une coquille vide…