Adaptations pédagogiques face à la crise : ce que propose le Sgen-CFDT pour les écoles

Le ministère réunit actuellement les organisations du public et du privé pour échanger sur les adaptations pédagogiques nécessaires en période de Covid. Pour le Sgen-CFDT, il faut sortir d'une logique de rattrapage et se donner le temps de la reconstruction scolaire.

Les adaptations proposées par le Sgen-CFDT.

Prendre le temps d’une réflexion collective,
installer des adaptations dans la durée…

 

La crise l’a montrée, les échanges entre professionnels, avec les familles ou les partenaires sont devenus difficiles. Ils sont pourtant essentiels pour construire le parcours de l’élève. Avant de penser pédagogie, il faut s’assurer de permettre à tous les enfants de redevenir élèves. Cette situation est notamment très prégnante chez les élèves de l’école maternelle eux qui, pour certains, n’ont repris l’école qu’en septembre, et de façon intermittente.

Pour y parvenir, il faut avant tout rassurer – enseignant·es, parents et élèves – et les convaincre de la nécessité de prendre du temps pour installer des adaptations. Ce n’est pas parce que les compétences habituellement attendues à une période donnée de la scolarité ne sont pas fixées qu’elles ne seront jamais acquises. Cela ne peut passer que par un travail de remise à plat collective des attentes pédagogiques envers les élèves et la construction d’un parcours pluriannuel.

La première des adaptations pédagogiques :
privilégier la logique de cycle

La construction de la scolarité d’un élève est longue. La vision des équipes enseignantes doit donc avoir la même perspective. Il est vrai que du fait d’un contexte inédit, le collectif a du mal à fonctionner. Pour le Sgen-CFDT, il faut donc avant tout laisser du temps aux équipes pour penser leur enseignement au delà de cette année scolaire dans une logique de cycle.

Plus que jamais, la logique de cycle doit pouvoir être privilégiée et l’emporter sur celle d’un fonctionnement annuel.

Les professionnels ont besoin de temps de concertation conséquents pour échanger et construire ensemble cette phase programmatique. Des temps qui doivent permettre de réfléchir aux parcours des élèves en essayant de travailler de façon plus individualisée et de prévoir adaptations personnalisées. La logique de cycle le permet, il faut donc donner aux équipes les moyens de s’en emparer encore davantage pour sortir de la logique un élève, un·e enseignant·e, une classe.

Travailler en cycle, oui mais sur quel temps ?

Les temps de réunions de cycles prévus dans les obligations réglementaires de service des enseignant·es ne peuvent suffire. Pour le Sgen-CFDT, Il faut  faire des choix pour dégager du temps supplémentaire. C’est pourquoi nous demandons un moratoire sur les animations pédagogiques et/ou les évaluations nationales.  Le temps ainsi « libéré » permettrait aux enseignant·es de mener la réflexion collective nécessaire pour répondre à leur priorité : la réussite de tous les élèves.

Pour le Sgen-CFDT, s’il serait souhaitable que ce travail collectif puisse être épaulé par les équipes de circonscription mais vouloir encadrer la réflexion collective par des directives ministérielles ou un pilotage injonctif n’aurait pas de sens. La priorité doit être la confiance aux équipes et les outils de cadrage nationaux habituels (programmes, socle commun de compétences) les références.

Remettre l’enfant en condition de redevenir élève

Pour beaucoup d’enfants, le retour en classe a été et reste difficile notamment en maternelle. Pas facile de devoir se réapproprier les règles de la classe et de retrouver un statut d’élève quand certains ont passé 6 mois éloignés des bancs de l’école.

Une situation qui peut se prolonger du fait des « cas contact » qui peuvent réduire ou perturber les temps de scolarisation d’enfants contraints de fréquenter l’école par intermittence. Pour leur permettre d’entrer dans les apprentissages, les enseignants doivent régulièrement réinstaller les bases qui permettent à l’enfant de redevenir un élève à part entière. Ça ne peut se faire que progressivement et au rythme de l’enfant. Inutile de mettre la pression sur les compétences à acquérir, l’enfant n’est pas prêt, il faut lui laisser le temps pour de se mettre à nouveau en condition d’apprendre.

Sortir d’une logique reposant sur les fondamentaux, en privilégiant l’entrée pluridisciplinaire

Pour le Sgen-CFDT, la priorité aux enseignants fondamentaux – lire, écrire, compter -, renforcée par la nature des évaluations nationales, est une approche plus que jamais trop étroite.

Pour beaucoup d’élèves, les activités favorisant la coopération (travail de groupe, projets, EPS…), les approches transversales et les disciplines favorisant l’ouverture sur le monde et la créativité sont essentielles pour redévelopper les interactions et donner plus de sens aux apprentissages.

L’institution doit mettre à disposition des enseignant·es des ressources pédagogiques permettant de développer ces approches. Des documents déjà disponibles sur Eduscol pourraient également  être adaptés pour répondre au contexte de la crise sanitaire ou à ses conséquences.

Pour de bonnes adaptations pédagogiques, donner plus d’autonomie aux équipes

Pour le Sgen-CFDT, cette année scolaire est l’occasion de donner plus d’autonomie aux collectifs de travail dans les écoles. Les équipes pédagogiques sont les mieux à même de construire un parcours adapté aux possibilités des élèves. Dans l’intérêt de tous les élèves, la confiance envers les enseignants ne doit pas être qu’un slogan, mais se traduire en actes.