Nouveau mandat de Macron: « une méthode refondée »?

Nous voilà repartis pour cinq années avec Emmanuel Macron.
Et maintenant, qu'est-ce qui se dessine à l'horizon?

La candidate du Rassemblement national n’est pas passée – ouf -, mais l’extrême droite est arrivée en tête dans le Var (55,10 % des voix pour le RN) et n’en est pas passé loin dans les Alpes Maritimes, où Macron a obtenu 50,13% des voix.
Un article au titre éloquent (« Une réélection au bord de l’abime ») paru dans Le Monde le 25 avril, souligne que près de 16,7 millions de personnes ont refusé de s’exprimer, par l’abstention, le vote blanc ou nul.
Le même article signale un fait inquiétant: « alors que le vote Macron agrège les deux bouts de la pyramide des âges, une part de la jeunesse et la quasi-totalité des retraités, celui de Mme Le Pen concentre les tranches du milieu, soit une très grande partie de la population active ».

Quant à la suite… on le savait, ça risque de faire mal.

Paroles, paroles…

Macron a promis que que son nouveau mandat « ne sera pas dans la continuité de celui qui s’achève mais l’invention collective d’une méthode refondée ».
Ça sonne joliment bien,  « invention collective »,  « méthode refondée »… les communicants ont bien bossé…
Le problème est qu’on a bien du mal à y croire.
En effet, dès le lendemain de sa réélection, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, s’est dit incapable de « donner de garantie » que le futur gouvernement n’aura pas recours au 49.3 pour faire passer la réforme des retraites nous conduisant à travailler jusqu’à 64 ans, au moins: un avant-goût de la « méthode refondée »?

Le grand chantier de l’école

Macron prévoit de réformer le lycée professionnel, d’en faire une « voie d’excellence » (?): les périodes passées en stage en entreprise augmenteront de 50%. Ce qui implique une baisse drastique des heures de cours,  compromettant davantage les chances de réussites des titulaires du bac pro dans le supérieur, notoirement catastrophiques. Voie d’excellence? Nous sommes plus que dubitatifs.
Dans le supérieur, il compte « réguler les filières qui ne mènent pas assez à l’emploi »: exit, donc, les études de sociologie, de philosophie

Il annonce aussi « la transparence sur tous les indicateurs de réussite éducative au niveau le plus local », ce qui mettra les établissements en concurrence, et « plus de liberté pour les établissements dans leur organisation interne, pour le recrutement d’une partie de l’équipe pédagogique ».
Ça promet.

Des annonces côté finances

Le point d’indice devrait être augmenté – mais de combien?
Ce n’est que justice, alors que le pouvoir d’achat des fonctionnaires a fondu, et dans un contexte d’inflation. Attendons de voir ce que ça donnera.

Force est de reconnaître que le gel du point d’indice conduit l’OCDE comme la direction de l’évaluation, de la prévision et de prospective (DEPP) à constater une perte de pouvoir d’achat, que l’OCDE fixe à 15 % sur les vingt dernières années.
Gérard Longuet, sénateur Les Républicains de la Meuse, rapporteur spécial sur la mission « Enseignement scolaire »

Macron a aussi annoncé la création d’un « pacte proposé à tous les enseignants avec, pour ceux qui l’acceptent, de nouvelles missions et des rémunérations augmentées en conséquence ».
En quoi consistent ces « nouvelles missions »? « Suivi des élèves, accompagnement, activités périscolaires… »: pour ce qui est du suivi des élèves, de l’accompagnement, n’est-ce pas déjà notre quotidien?
Ainsi, il va falloir travailler plus longtemps, et davantage?
Nul doute qu’un tel programme aggravera la chute de l’attractivité du métier. Le nombre de candidat.e.s aux concours est en nette baisse ces dernières années – et ce n’est pas la réforme de la formation initiale qui va arranger la situation.

Infographie parue dans Le Monde en janvier 2020:


Macron a enfin évoqué, dans la panique de l’entre-deux tour, une augmentation de 10% pour tous les enseignants.
À voir – forcément, après cinq années d’école de la confiance, c’est logique, on se méfie.

La mise en œuvre de ce projet dépendra fortement des résultats des élections législatives des 12 et 19 juin.

Bref, la pire n’est pas passée, mais nous aurons plus que jamais besoin du collectif, afin d’agir pour ne pas subir.