Que dénonce le Sgen-CFDT en posant une alerte sociale pour les personnels du 1er degré ? Comment le Sgen-CFDT entend poursuivre ses interventions, quelles actions construire après ce premier rendez-vous ?
Suite à l’alerte sociale déposée le 6 décembre 2021 pour dénoncer la dégradation des conditions de travail et les défaillances en matière de protection sanitaire des personnels du 1er degré, le Sgen-CFDT a été reçu par le DGRH adjoint et une adjointe à la Secrétaire générale des ministères de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Des remontées de terrain et des alertes restées sans réponse…
En préambule, nous avons présenté le contexte de cette qui nous a amené à déposer une alerte sociale : l’absence de réponse de fond du ministère aux remontées de terrain faites depuis début décembre, et à des questions posées de longue date.
Nous avons repris les termes de notre alerte et rappelé en particulier
- les difficultés posées par le suivi et le traitement des informations sur les cas confirmés et les cas contacts,
- l’information des familles,
- l’adaptation de l’activité pédagogique aux fermetures,
- les absences et retours des élèves,
- les absences d’enseignant.e.s non remplacé.e.s…
Tout cela génère une charge de travail qui n’est pas soutenable, tout particulièrement pour les directeurs et directrices d’école.
Des mesures de protection de la santé insuffisantes ou inadaptées
Nous avons également rappelé au ministère ses responsabilités d’employeur en matière de protection de la santé et de sécurité des agents. Les lacunes dans ce domaine sont nombreuses, notamment au regard des prescriptions définies par le protocole national établi par le ministère du travail pour les salarié.e.s des entreprises.
Nous avons aussi dénoncé le fait que la définition des cas contacts au sein du système éducatif reste différente de celle en population générale.
Il n’est pas possible de continuer à considérer que les personnels ne sont jamais cas contact lorsqu’un de leurs élèves est cas positif.
Inadaptation des masques aux conditions d’exercice
La meilleure protection des agents impose aussi d’adapter les masques qui leur sont fournis à leurs réalités de travail et conditions d’exercice de leur métier ou à défaut, de les défrayer puisqu’ils sont contraints à s’équiper à leurs frais.
Le Sgen-CFDT a rappelé que les enseignant·es d’école maternelle et les AESH comptent parmi les travailleurs les plus exposés au virus dans leur milieu de travail, alors qu’ils ne bénéficient toujours pas de masques leur assurant une protection maximale, malgré ses demandes répétées.
Absence de suivi épidémiologique des personnels
Le Sgen-CFDT a renouvelé sa demande d’un suivi épidémiologique des personnels, afin notamment de permettre aux victimes de Covid long la reconnaissance de leur affection au titre de maladie professionnelle.
Prévention insuffisante de la transmission par aérosol
Malgré le changement de niveau du protocole, le Sgen-CFDT estime que le gouvernement et les collectivités locales n’ont toujours pas pris la complète mesure de la prévention dans les écoles d’une transmission virale par aérosol. Il est toujours difficile voire impossible d’assurer une ventilation dans de nombreuses salles de classe, la présence de capteurs de CO2 reste largement insuffisante.
Le retard au déclenchement de travaux, l’insuffisance des travaux réalisés à ce stade ne permettent pas d’assurer une qualité de l’air satisfaisante dans tous les locaux scolaires.
La pandémie s’installe dans la durée, il n’est plus possible de reporter ces investissements si l’on veut sécuriser le fonctionnement du système éducatif tout en protégeant les élèves, les personnels et leur famille.
Le Sgen-CFDT a demandé à ce que l’aide financière proposée aux collectivités pour l’achat de capteurs de CO2 se poursuive au-delà du 31 décembre 2021 et que l’État sensibilise davantage les collectivités à cet enjeu. Sur ces deux questions, les représentant.e.s du ministère nous ont dit que des évolutions étaient possibles.
Tenir compte de la charge de travail et difficultés organisationnelles
Pour tenir compte des difficultés organisationnelles et de la charge de travail que subissent actuellement les équipes pédagogiques le sgen-CFDT a demandé :
- Que l’on mette fin au déploiement de dispositifs nouveaux comme l’évaluation des écoles (ou qu’on autorise les équipes qui le souhaitent à les interrompre),
- que l’on dispense les directeurs et directrice d’école des heures d’APC,
- qu’un appui opérationnel soit apporté aux enseignant·es et au directeurs et directrices d’école qui ne doivent plus se demander s’ils doivent choisir entre gérer leur classe ou gérer la crise,
- que le ministère s’engage à reconnaître les difficultés auxquelles font face les agents en ouvrant une négociation sur une prime comme ce fut le cas pour l’accueil des enfants des salariés essentiels au début de la pandémie.
Enfin, nous avons évoqué les problèmes posés par le remplacement des agents.
Le ministère admet que la situation a été mal anticipée à l’automne mais que dans ce domaine, sa capacité d’action est altérée, par les absences de personnels de remplacement eux-mêmes en arrêt maladie et surtout la difficulté à recruter des contractuels faute de vivier suffisant.
Le Sgen-CFDT avait alerté le ministère dès janvier 2021, prévenant que l’année 2021-2022 ne serait pas non plus une année comme les autres.
Les mesures structurelles pérennes qui pouvaient permettre de faire face à une situation épidémique qui pouvaient s’inscrire dans la durée n’ont pas été prises. Nous espérons que l’État et les collectivités sauront enfin tirer les enseignements de cette 5ème vague.
Quelle décision suite à cette première rencontre dans le cadre de l’ alerte sociale ?
Les représentant.e.s du ministère n’ayant pas d’arbitrages nouveaux, il n’y a pas eu d’avancées significatives sur des questions majeures pour le Sgen-CFDT malgré cette alerte sociale.
Nous avons demandé une nouvelle rencontre rapidement après que le cabinet du ministre ait retravaillé sur nos propositions.
La fédération Sgen-CFDT décidera des suites à donner en termes d’actions syndicales au niveau national comme au niveau local pour que les pouvoirs publics (Etat et collectivités locales) prennent enfin des mesures pour :
- mieux protéger les personnels et les élèves,
- ne plus faire de l’école une exception aux mesures de contrôle de l’épidémie,
- améliorer les conditions de travail dans le contexte pandémique,
- reconnaître l’engagement des personnels à assurer le service public d’éducation dans une période difficile pour toutes et tous.