Orientation post-bac : passer des discours aux actes nécessite des moyens!

Éviter le tirage au sort pour l’orientation des bacheliers en proposant un meilleur accompagnement aux lycéens est certes indispensable, mais complexe.

Modifier la loi ou diffuser un vade-mecum ne suffira pas à résoudre en trois mois un problème qui ne l’a pas été en dix ans : ce sont les pratiques qu’il faut changer, et pour cela, il faut du temps, de la lisibilité à long terme et des moyens financiers fléchés.

Pour cette année scolaire, il faut donc d’abord s’appuyer sur la compétence des équipes et leur faire réellement confiance pour faire au mieux dans l’urgence.

IL FAUT DÈS MAINTENANT, EN PARTICULIER :

Ne pas imposer la désignation systématique d’un deuxième professeur principal en urgence.

La mission de professeur principal ne correspond pas à ce qui est attendu puisqu’elle est centrée sur la classe plus que sur le parcours de l’élève. Son cadre ne permet pas le suivi nécessaire, sauf à surcharger les collègues même s’ils sont en binômes (ne serait-ce que parce qu’ils sont sans doute déjà professeurs principaux ailleurs).

Il faut plutôt donner les moyens de développer un tutorat permettant à plus de collègues d’être référents d’un petit groupe d’élèves qu’ils accompagneront dans la construction de leurs projets.

Il faut laisser les conseils pédagogiques choisir et avancer des propositions en utilisant leur expérience.

Il faut faire confiance aux équipes pour atteindre les objectifs affichés.

Instaurer un véritable dialogue entre le lycée et les filières de l’enseignement supérieur.

Le Sgen-CFDT est favorable à ce que le conseil de classe se prononce sur les vœux des élèves en se positionnant sur les compétences acquises au lycée (via les livrets scolaires par exemple). Mais à condition que ces compétences soient croisées avec celles identifiées comme nécessaires par les filières du supérieur. Pour cela, il ne suffira pas de décrire les objectifs des formations ou de se prononcer sur les moyennes des élèves, il faudra aussi que soient explicitées les compétences attendues pour réussir dans chaque type de filière.

À PARTIR DE LA RENTRÉE PROCHAINE, IL SERA DONC INDISPENSABLE :

  • De consentir un véritable effort financier pour réellement inclure dans les temps de service ces missions d’orientation : ce sont des heures postes qu’il faut financer et pas seulement des heures supplémentaires. Cela nécessite aussi évidemment de la formation continue.
  • De travailler avec les élèves sur les attendus identifiés pour chaque filière du supérieur. Pour cela, il faut repenser les temps d’accompagnement des élèves sur toute la scolarité au lycée.
  • De redéfinir le baccalauréat pour en faire un passeport pour le supérieur. Seule une organisation modulaire avec validation et identification des compétences travaillées, permettra de sortir de la sélection par les notes ou par l’échec.

Les mesures prises pour la rentrée 2018 doivent être transitoires pour conduire ensuite à la transformation profonde du lycée et du premier cycle de l’enseignement supérieur.