On doit bien sûr regretter le moment choisi pour annoncer l’abrogation de la prime aux 3 HSA, mesure-phare de la «revalorisation à la Sarkozy» ; on ne peut pas regretter la mesure elle-même, visant à limiter le nombre d’heures supplémentaires, en parallèle aux créations de postes menées depuis 2013.
L’abrogation du décret de 2008 instaurant une prime de 500 € pour 3 HSA dans le second degré n’est pas une surprise, puisque le projet de texte a été soumis aux organisations syndicales représentatives (FSU, UNSA, SGEN-CFDT, SNALC, FO et SUD) lors du comité technique ministériel du 12/07/2016. Les organisations syndicales savaient que ce texte paraîtrait sans savoir quand précisément, mais il fallait qu’il paraisse avant la rentrée et la définition des services.
Bien sûr, le calendrier ministériel est inacceptable : les annonces, faites après la répartition des services, mettent en difficulté les enseignants qui ont accepté ces heures supplémentaires comme les chefs d’établissement les ayant attribuées.
La note de présentation du décret abrogatif fait référence à l’effort de création de postes depuis 2013 qui a pour objet de réduire le nombre d’HSA. Le texte vise donc une cohérence avec la politique affichée.
Rappelons quand même que les transformations d’heures postes en heures supplémentaires avaient permis la suppression de nombreux postes, durant la présidence de Nicolas Sarkozy : jusqu’à 80% des postes supprimés transformés en HSA dans certaines académies !
Pour sa part, le Sgen-CFDT a depuis toujours combattu le recours aux heures supplémentaires. Si celles-ci peuvent satisfaire des collègues individuellement par le surcroît de rémunération procuré, elles ont un impact non négligeable collectivement. En 2011, celles-ci ont représenté 2 Mds d’euros soit l’équivalent de 40000 postes budgétaires. Nous préférons (et de loin) voir la création de postes ou l’amélioration des rémunérations pour éviter la surcharge des collègues par le recours massif aux HS.
Les choix défendus par le Sgen et la CFDT visent à remplacer les primes par des points d’indice, garantis sur toute la carrière et pour la pension. C’est ce qui a motivé la signature par la CFDT de l’accord « Parcours Professionnels, Carrières et Rémunérations » (PPCR) qui va permettre à TOUS les collègues de pouvoir accéder à la hors classe, de convertir une partie de l’ISOE en salaire indiciaire et la création d’un troisième grade dès 2017 sans parler de la revue de la grille des certifiés avec un reclassement pour tous dès 2017. La Cour des Comptes a chiffré la dépense supplémentaire à plus de 2 milliards pour le seul Ministère de l’Education.
On comprend aisément que le Sgen-CFDT (comme d’ailleurs les autres organisations syndicales représentatives, à l’exception des deux – le SNALC et FO) ne va pas contester une disposition promulguée certes juste avant la rentrée mais qui va dans le sens de nos préoccupations : accorder une amélioration durable des rémunérations sans préjudice de l’amélioration des conditions de travail.
Notons enfin que c’est le SNALC qui pleure sur la disparation de la prime aux HSA. Il critique également les organisations syndicales qui ont voté pour cette suppression (Sgen-CFDT et Snes). Le SNALC accuse ces syndicats d’être des «syndicats subventionnés », sous-entendu qui votent aux ordres d’un gouvernement qui les finance. Peut-être que le Snalc aime bien s’autocritiquer ? Car, le Snalc siège au CTM et comme il siège au CTM, le Snalc, comme le Sgen-CFDT ou le Snes-FSU, reçoit aussi des subventions de l’Etat (sous forme de décharge pour ses militants par exemple!).
Rappelons enfin que le Snalc, contrairement au Sgen-CFDT n’a pas trop l’habitude des instances paritaires (sécurité sociale, logement etc…) car il n’est pas représentatif dans le monde du travail!