Le 25 novembre, « journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes » : une date essentielle pour le Sgen-CFDT
Patria, Minerva et Maria Teresa.
Trois sœurs.
Trois martyres de la lutte contre la dictature.
Filles de Mercedes et Enrique Mirabal, de riches commerçants dominicains, Patria naît en 1924, Minerva en 1926, Maria Teresa en 1935 et leur autre sœur, Bélgica en 1925.
Elles grandissent en République Dominicaine sous la dictature de Rafael Trujillo, arrivé au pouvoir après un coup d’État en février 1930.
Cette dictature ne prend fin qu’en 1961; plus de 30.000 personnes meurent de la répression.
Brillantes – Minerva sera la première femme doctorante en droit du pays, Maria-Teresa diplômée en Mathématiques, Patria en dactylographie, elles étaient en outre très belles. Minerva était très proche de Pericles Franco, fondateur du Parti Socialiste Populaire.
Leur destin va basculer en juin 1949.
La famille Mirabal est invitée à une fête en l’honneur de Trujillo. Il est alors fasciné par la beauté de Minerva, qui repousse à plusieurs reprises ses avances.
En août 1949, Minerva refuse à nouveau les avances de Trujillo, lui demandant de la laisser tranquille ainsi que Pericles. Et la famille quitte la fête.
Quelques jours après, Enrique Mirabal est conduit en prison et torturé. Il mourra des suites de ces traitements.
Minerva sera aussi arrêtée.
La famille Mirabal sera désormais sous surveillance, Trujillo continuellement informé de leurs activités.
En 1954, Minerva rencontre un étudiant en droit, Manuel Tavares Justo. Elle l’épousera l’année suivante.
Maria-Teresa épousera Leandro Guzmán, étudiant aussi.
La fin des années cinquante verra la chute d’un certain nombre de dictateurs en Amérique Latine : colombien en 1957, vénézuélien en 1958 et cubain en 1959.
Minerva envisage la création d’un mouvement antitrujilliste.
Le 10 janvier 1960, le Mouvement du 14 juin est fondé : Manuel Tavares Justo président et Leandro Guzmán trésorier.
Fin janvier, les membres du mouvement ont quasiment tous et toutes dénoncé.es, emprisonné.es, torturé.es.
Un vent de contestation souffle quand même sur le pays, même l’Église catholique, soutien de Trujillo, dénonce l’action.
Les femmes détenues sont remises en liberté le 7 février 1960.
En revanche, les dirigeants importants du Mouvement du 14 juin, dont Tavares Justo, Guzmán et Pedro Gonzáles, le mari de Patria, sont maintenus en prison.
La dictature bascule dans une répression terrible, Trujillo allant même jusqu’à ordonner l’assassinat du président vénézuélien.
Les sœurs Mirabal se rendaient toutes les semaines voir leurs époux en prison. Elles étaient au courant de la possibilité d’être victimes d’un « accident de la route » – autrement dit, d’être assassinées.
Le 25 novembre 1960, sur le retour de la prison, leur véhicule est stoppé. Elles sont massacrées à la machette, ainsi que leur chauffeur. Leurs corps sont replacés dans la voiture, qui est jetée du haut d’un précipice.
Le 30 mai 1961, Trujillo est abattu.
Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes
Le 17 décembre 1999, la résolution 54/134 de l’ONU proclame le 25 novembre « journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ».
https://www.un.org/fr/observances/ending-violence-against-women
Les violences faites aux femmes
Il s’agit de l’une des violations les plus courantes aux droits humains dans le monde.
En 20 décembre 1993, dans sa résolution 48/104, l’ONU adopte la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Les violences faites aux femmes prennent des formes diverses :
- viol et autres violences sexuelles (viol, avances sexuelles non désirées, harcèlement dans la rue, cyber-harcèlement, « agression sexuelle », « atteinte sexuelle », « exhibition sexuelle ») ;
- violences domestiques (coups, violences psychologiques, viol conjugal, féminicide) ;
- mariage précoce et forcé ;
- mutilation génitale féminine ;
- trafic d’êtres humains (esclavage, exploitation sexuelle) ;
- violences au travail ;
- lesbophobie, biphobie et transphobie.
Et pourquoi pas une journée pour la violence faite aux hommes, nous direz-vous ?
Certes, elles existent, il n’est pas question de le nier. Mais les chiffres sont malheureusement clairs.
Pour la France, quelques chiffres édifiants. En 2020 :
- 102 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire
- 23 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire
82 % des morts au sein du couple sont des femmes.
Parmi les femmes tuées par leur conjoint, 35 % étaient victimes de violences antérieures de la part de leur compagnon.
Par ailleurs, parmi les 22 femmes ayant tué leur partenaire, la moitié, soit 11 d’entre elles, avaient déjà été victimes de violences de la part de leur partenaire.
En 2019, en moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint, est estimé à 213 000 femmes.
L’auteur de ces violences est le mari, le concubin, le pacsé, le petit-ami, ancien ou actuel, cohabitant ou non.
7 femmes victimes sur 10 déclarent avoir subi des faits répétés
8 femmes victimes sur 10 déclarent avoir également été soumises à des atteintes psychologiques ou des agressions verbales.
En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui au cours d’une année sont victimes de viols et/ou de tentatives de viol est estimé à 94 000 femmes.
De la même manière que pour les chiffres des violences au sein du couple présentés ci-dessus, il s’agit d’une estimation minimale.
Dans 91% des cas, ces agressions ont été perpétrées par une personne connue de la victime. Dans 47 % des cas, c’est le conjoint ou l’ex-conjoint qui est l’auteur des faits.
On estime qu’au début des années 2010, la France comptait environ 125 000 femmes adultes ayant subi des mutilations sexuelles.
Sources : arretonslesviolences.gouv.fr
Concernant les hommes, le rapport d’enquête « Cadre de vie et Sécurité » 2019, enquête de victimation menée conjointement par l’Insee, l’Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure est sans appel.
S’ils sont proportionnellement plus victimes de violences physiques « hors ménage » (55% des hommes victimes), dès lors que l’on s’intéresse aux violences sexuelles, les chiffres s’inversent (23%).
Il en est de même pour les violences « au sein du ménage » (34%) et les violences intrafamiliales (29%).
Ce sont les femmes qui sont majoritairement victimes de violences sexistes et sexuelles.
Pour le Sgen-CFDT et la CFDT dans sa globalité, tout cela est inadmissible et la lutte contre les violences faites aux femmes est une nécessité.
C’est une affaire de tous et toutes, employeurs, collègues, organisations syndicales.
Tout un versant de l’accord relatif à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la fonction publique du 30 novembre 2018 traite des violences sexistes et sexuelles.
Le Sgen-CFDT participe activement aux comités de suivi de l’accord pour s’assurer de sa mise en œuvre effective.
Cet accord engage notre employeur sur sa politique pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles.
Un guide des outils statutaires et disciplinaires pour Lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans la fonction publique va être publié.
A l’interne de la CFDT, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles a toute sa place aussi.
Les structures de la confédération, dont le Sgen-CFDT et ses syndicats s’engagent en signant la Charte d’engagement pour la prévention des violences sexistes et sexuelles dans nos équipes.
La CFDT édite pour ses militantes et militants un guide de prévention des violences sexistes et sexuelles au travail.
La lutte contre les violences sexistes et sexuelles n’est pas une lubie, un élément démagogique ou électoraliste. C’est un devoir et une obligation, tant qu’elles existeront.
https://orientationviolences.hubertine.fr/definition-des-violences-faites-aux-femmes