Tablettes et manuels numériques: le point de vue très critique des enseignant.e.s

Bilan des retours des collègues à notre enquête flash sur les tablettes et les manuels numériques. Merci aux collègues qui ont répondu!

Actuellement, 91% des lycées – d’après une information disponible sur Atrium SUD-, ont décidé d’adopter les manuels numériques, accessible via une tablette tactile dont le coût public est d’environ 190 euros.

La carte ci-dessous (Atrium SUD) indiquent en rouge les lycées qui n’ont pas opté pour les tablettes – en rouge… à quand le bonnet d’âne pour les établissements récalcitrants?
Une telle insistance est suspecte.

Le coût moyen d’un manuel papier est de 22 euros, et celui d’une licence annuelle, de 7 euros, toujours selon le site Atrium SUD.
Mais les manuels sont utilisés plusieurs années durant, tandis que la licence doit être réglée annuellement.

Quant aux tablettes, financées par la Région, leur coût, selon un article paru sur site de 20 Minutes, est évalué à 80 millions d’euros sur quatre ans – auquel il faut ajouter l’équipement en wifi des établissements.

Après trois ans, qu’en pensent les collègues?

Tablettes: c’est loin d’être l’enthousiasme

Certes, la tablette permet d’alléger le sac des élèves et de ménager leur dos, et a été d’une certaine utilité lors des périodes de travail en distanciel, mais les collègues ayant répondu à l’enquête sont globalement très critiques à propos de cet outil.

Une étude des besoins des enseignant.e.s aurait bien été nécessaire avant de lancer cette action pour le numérique, cela aurait coûté moins cher.
Un.e collègue

Une majorité de collègues n’utilisent pas les tablettes en cours, et parmi eux, 35% se sont découragés.

Après trois ans, seulement un élève de terminale sur deux à une tablette en état de fonctionner !
Un.e collègue

Plus d’un.e collègue sur cinq n’emploie pas les tablettes en classe; rares sont celles et ceux qui en sont satisfait.e.s.
Beaucoup estiment que leur coût est trop élevé par rapport à ce qu’elles apportent sur le plan pédagogique.

Les critiques concernant les tablettes sont multiples: les tablettes inutilisables, oubliées; les élèves – qui passent déjà beaucoup de temps sur les écrans – s’en servent en cours pour faire autre chose.

Les pourcentages ne correspondent pas aux répondants, mais aux réponses.

 

Les manuels n’avaient pas de « bugs » informatiques, on ne mettait pas 10 ans à les ouvrir ; les élèves, sous prétexte qu’elles sont déchargées, ne demandaient pas à sortir leur téléphone pour accéder aux manuels, ce qui rend très difficile dans ce cas d’interdire les téléphones en cours, ils ne jouaient pas en cours.
Un.e collègue

Un tiers des collègues considèrent que le choix des tablettes est une erreur.

Les difficultés de prise en main (manque de formation pour les élèves comme pour les enseignant.e.s, manuels non installés au préalable, absence de suite bureautique sur la tablette) sont soulignées.

Beaucoup d’élèves consultent le manuel scolaire sur leur téléphone portable car soit la tablette est oubliée, soit elle ne fonctionne pas/plus.
Un. e collègue

Choisir des tablettes, et ce modèle en particulier? On peut en douter

Sans formation des profs et des élèves, cela n’a aucun sens !
Un.e collègue

La tablette elle-même ne convainc pas le site Les Numériques.
Dommage qu’elle ait été distribuée à des milliers d’élèves et d’enseignant.e.s…

Pour que les élèves soient équipés en classe et à la maison, il faudrait leur offrir un ordinateur portable avec un système d’exploitation libre.
Un.e collègue

Côté sécurité des données, on leur fait créer une adresse gmail pour accéder au playstore pour télécharger les applications car c’est une tablette Android.
Pour la création d’un compte gmail, il faut avoir 16 ans donc on les fait mentir sur leur âge, ils sont tous nés le 1er janvier de l’année en cours. c’est très pédagogique !
Un.e collègue

Une autre critique concerne le fait que la tablette ne permet pas de combler les lacunes des élèves en matière de maîtrise de ce qui reste l’outil de travail privilégié, l’ordinateur

Depuis les tablettes et surtout depuis que tous les élèves ont un téléphone avec un abonnement 4G, la majorité des élèves n’ont plus d’ordinateur à la maison et l’utilisation des ordinateurs en classe devient un véritable problème (ils ne connaissent pas les bases du clavier ou de la sauvegarde du travail).

Des interrogations

Qui a fait le choix de ces tablettes? Pourquoi ne pas avoir expérimenté le dispositif avant de l’évaluer afin de déterminer son intérêt?
Un.e collègue

Alors que les élèves ont de plus en plus de mal à écrire lisiblement, et que les évaluations reposent sur des copies manuscrites, était-il pertinent de leur fournir une tablette?

Qu’en est-il du renouvellement des tablettes enseignants ? Au bout de quel nombre d’années ?

Les enseignants TZR, ou les AVS qui aident les élèves à faire leur devoirs n’en reçoivent pas. Est-ce normal ?

Manuels numériques: bilan mitigé

Six enseignants sur quatre se servent des manuels numériques.

 

La disparition des manuels papier, c’est du travail en plus pour moi, des frais supplémentaires pour l’établissement, un bilan écologique négatif pour la société.
Un.e collègue.

Ce n’est tellement pas pratique (avec ceux qui n’ont pas leur tablette pour X raisons) que désormais je photocopie le manuel (quand je l’utilise) pour le donner aux élèves afin qu’ils aient une trace écrite.
Un.e collègue

Un bilan négatif

Sur 10 collègues, 1 seul.e se dit satisfait.e. Beaucoup regrettent l’époque des manuels scolaires.

Les élèves eux-mêmes réclament des manuels scolaires papier…
Un.e collègue

Il faut faire comme en région Île de France : utiliser des manuels papier et offrir aux élèves et enseignants un ordinateur portable.
Un.e collègue

Parce qu’en Île de France, avant de généraliser un dispositif, on le teste, on l’évalue, et on en tire des conclusions.
Dans cette région, si ce sont des ordinateurs portables et non des tablettes qui sont distribuées à tous les lycées, c’est parce qu’une « une première évaluation [a montré] que les ordinateurs portables se prêtent mieux à un environnement pédagogique » – source ici.