Maintes fois amendée, la Loi « démocratisation du Sport » fait encore figure de bricolage.
Pour le Sgen-CFDT, elle montre en tout cas la méconnaissance qu'ont les parlementaires des différences entre EPS et pratiques sportives au point de se poser des questions sur la place de l’USEP.
Loi démocratisation du sport : un texte fourre-tout aux objectifs peu clairs
Après une première lecture qui a trainé en longueur, les deux assemblées n’ont pas réussi à se mettre d’accord. La Loi « pour la démocratisation du sport » revient en examen. Pour le Sgen-CFDT, même si les objectifs sont radicalement différents, il ne faut pas pour autant opposer EPS et sport mais plutôt voir en quoi ils peuvent être complémentaires. L’USEP, les Projets éducatifs de territoire peuvent en cela permettre des alliances éducatives.
Pour le Sgen-CFDT, cette loi ne doit pas servir au démantèlement de l’EPS au bénéfice de la pratique sportive via des fédérations…
Cette loi a depuis le début l’aspect d’un texte fourre tout dont, au final, on a du mal à voir les grands objectifs. La nouvelle mouture proposée n’a pour le moment rien vraiment clarifié. L’objectif affiché est la massification de la pratique et notamment de permettre à un maximum de jeunes filles et jeunes garçons de pratiquer l’activité physique. Le Sgen-CFDT ne peut qu’être en accord avec cela.
Mais cela ne doit pas se traduire par la « sportivisation » de l’EPS tant sur le temps scolaire que sur les temps péri et extrascolaires notamment à travers la présence de l’USEP. Les objectifs sont différents et ne doivent pas avoir pour objectif l’accès à une pratique fédérative. Cette Loi, en tout cas, ne doit pas servir le démantèlement de l’EPS au bénéfice de la pratique sportive via des Fédérations qui auraient l’exclusivité des partenariats, les établissements scolaires recevantw des consignes en ce sens.
Conforter le rôle de l’USEP
On peut constater sur le terrain que les partenariats entre fédérations sportives et établissements scolaires existent déjà. Ainsi, le traditionnel cross départemental ou certaines rencontres sportives organisées par l’USEP en témoignent. Mais ce sont bien les équipes qui définissent les enjeux pédagogiques et éducatifs de ces rencontres, et qui sont présents pour les animer. Les équipes fédérales étant en soutien pour la logistique notamment et/ou des apports de compétences très spécifiques.
Ce n’est pas aux clubs de fixer les objectifs à atteindre…
L’objectif principal de ces événements est avant tout éducatif et non centré sur la performance sportive même si les enfants, de par la nature se prêtent assez bien à ce challenge. Ce n’est en tout cas pas aux clubs de fixer les objectifs à atteindre sur ces temps. Ces objectifs doivent être intégrés à un projet conçu en partenariat, très en amont où les partenaires impliqués mettent leur expertise pédagogique et sportive en commun pour permettre aux enfants de découvrir une pratique physique, artistique ou circassienne.
Dans ce sens, le projet doit faire l’objet d’une discussion au conseil des maitres et pourrait tout à fait entrer dans le Projet éducatif de territoire. Ce projet n’est-il pas là pour fixer les objectifs des jeunes sur les temps scolaires, péri et extrascolaires ?
La dimension pédagogique doit primer sur la performance sportive.
C’est donc sur le territoire que doivent se concevoir les alliances éducatives où le pédagogique doit primer sur le sportif. C’est cette ambition qui doit être au centre des discussions, et l’USEP y a toute sa place, en lien direct avec les projets d’école.
L’USEP doit à ce titre voir ses moyens renforcés au sein de l’Éducation nationale (reconnaissance des enseignant.e.s engagé.e.s, formation, accompagnement via des CPC). En effet, c’est l’USEP qui permet à des milliers de jeunes de découvrir des activités physiques parfois méconnues et de sortir ainsi des sports proposés par les seules fédérations affiliées au Comité International Olympique.
Avec un coût dérisoire pour les familles, l’USEP permet à des familles modestes de voir leur enfant pratiquer une activité le mercredi alors qu’elles ne pourraient se permettre de financer une licence dans un club.
Prioriser le partenariat avec les fédérations affinitaires
Dès lors, pour le Sgen-CFDT, il s’agit bien, lorsque cela s’avère pertinent au sein d’une école, de créer des alliances éducatives dont les fédérations affinitaires doivent être les partenaires prioritaires. En effet, ces fédération, ne prônent pas l’organisation du sport de haut niveau mais axent leurs actions sur l’éducation, la santé, le culturel et le social.
Promouvoir des valeurs plutôt que des performances sportives…
En promouvant le respect de l’autre, la construction de l’esprit d’équipe, le fair-play mais aussi la sportivité, ces fédérations permettent aux jeunes de devenir autonomes, de s’épanouir, de se dépasser, de s’intégrer dans la société mais avant tout de vivre en bonne santé. On est donc bien là dans un tout autre objectif que celui affiché par certaines fédérations où la victoire est l’élément de motivation suprême au détriment de l’individu.
L’USEP, l’UFOLEP sont en cela des fédérations qui font aujourd’hui pleinement partie du paysage scolaire. Elles doivent donc être vues comme des partenaires indispensables et disposer de moyens renforcés pour agir au plus près des territoires. Les enseignant.e.s qui y concourent le mercredi après-midi marquent ainsi leur attachement à cet objectif et souhaitent pas être assujetti.e.s à un objectif d’élitisme sportif.
Pour une véritable démocratisation de l’activité physique, sportive, artistique et culturelle
Les parlementaires doivent donc avant tout préciser ce qu’ils entendent par alliances éducatives. Il ne faut pas pour autant opposer ce que les collectivités territoriales, les clubs peuvent proposer pour servir le développement de l’enfant et son bien-être.
Pour le Sgen-CFDT, cette loi doit encore être amendée pour être plus précise et surtout plus consensuelle, pour ne pas servir uniquement les intérêts des fédérations sportives.
Ni opposer, ni juxtaposer sport et EPS…
Si la mise à disposition de locaux peut se faire comme le prévoit la Loi, elle ne peut venir en remplacement tant des activités de l’USEP que de la pratique de l’EPS assurée sur les temps scolaires par les Professeurs des écoles ou les professeurs d’EPS des les établissements du second degré.
Une fois de plus, il ne faut ni opposer, ni juxtaposer sport et EPS mais chercher au contraire à créer du lien avec un objectif central : favoriser le développement de l’enfant, du jeune.
La Loi va poursuivre son parcours parlementaire. Le Sgen-CFDT entend peser pour ramener le débat là où il aurait dû être : comment favoriser la massification de l’activité physique, sportive, artistique et culturelle. N’est-ce pas cela la démocratisation ?