La crise de sens qui affecte l'École touche également les fonctions d'encadrement.
Le cœur du métier des inspecteurs est le pilotage pédagogique et le soutien aux équipes dans les écoles et dans les établissements.
Or, depuis plusieurs années les changements de cap éducatif, les injonctions permanentes, parfois contradictoires et les annonces médiatiques nous empêchent d’exercer nos missions au service des personnels et des élèves.
Inspecteur dans le premier degré ou du second degré, le constat est le même : trop de directives et trop peu de confiance de la part du Ministère vis-à-vis de la mise en œuvre de la politique éducative. La crise de sens que traverse l’École impacte également nos métiers. Par endroit la seule urgence est le recrutement de contractuels qui sont envoyés devant les classes sans formation.
Nous demandons davantage d’autonomie
Les missions assignées vont davantage vers une demande de contrôles des équipes pédagogiques plutôt que de soutien. Tout cela se fait bien évidemment au détriment de notre capacité à venir en aide aux équipes. Ceci est d’autant plus vrai, dans la gestion des problématiques d’inclusion ou de conflits avec les parents. Pour le Sgen-CFDT, il est nécessaire de sortir de ce cercle infernal.
Une autonomie réelle passe par une véritable confiance
Un métier qui a beaucoup évolué :
Si le pilotage pédagogique reste pourtant le centre du métier, les inspecteurs, les inspectrices passent aujourd’hui la majeure partie de leur temps à gérer des ressources humaines.
- Trouver les remplaçants dans le premier et le second degré
- Gérer l’affectation des AESH pour les enfants porteurs de handicap
- Évaluer les enseignants stagiaires en responsabilité dans les établissements scolaires et les écoles
- Recruter les enseignants contractuels toujours plus nombreux
Derrière tout ce travail, le métier nécessite de devoir résoudre des difficultés sans moyens à mettre en face. C’est pour beaucoup d’inspecteurs, d’inspectrices un sujet majeur. Le manque de moyens paralyse très souvent le travail à mener en direction des personnels des écoles et des établissements scolaires. C’est une source de tensions.
Et des politiques qui changent au gré des changements de Ministre
Depuis 2017, l’instabilité s’est installée au sein de l’Éducation nationale et particulièrement sur les métiers d’encadrement. Au gré des annonces, des mesures à mettre en œuvre, le Ministère demande aux corps d’inspection de porter la bonne parole auprès des personnels et de mettre en œuvre telle ou telle disposition sur le terrain.
Entre réforme de la voie professionnelle, 30 minutes de sports, réforme du collège avec les groupes de niveaux, dispositif Phare, pour ne citer que ceux là, les sujets ne manquent pas pour mettre à mal la sérénité indispensable à l’exercice du métier.
Pour le Sgen-CFDT, on ne peut piloter un système éducatif à coups de circulaires et de pressions sur les cadres. Le temps de l’éducation est un temps long qui demande à la fois de l’analyse des pratiques et de la formation.
Pour beaucoup, l’absence d’évaluation des politiques publiques est un problème. En effet, celle-ci permettrait de mesurer la portée de ce qui a été travaillé et de remédier aux difficultés. Les inspecteurs et inspectrices ont donc besoin de temps pour réfléchir entre pairs mais aussi avec leurs équipes. Cette réflexion permettrait de trouver la meilleure stratégie possible à mettre en place au niveau local. Cela ne peut se faire par un coup de baguette magique ou sur la base de la volonté de la rue de Grenelle.
L’Éducation n’est pas un domaine réservé. Ce doit être un lieu d’expertise partagée
Le Sgen-CFDT l’affirme, l’éducation et la réussite des élèves ont besoin que l’on fasse avant tout confiance aux personnels.
Les métiers de l’inspection ne font pas exception à cette devise. Piloter demande de pouvoir prendre du recul, d’avoir le temps d’accompagner, d’analyser les situations.
Être inspecteur, inspectrice demande d’être à disposition des équipes pour écouter, échanger, évaluer.
Les inspecteurs et inspectrices en ont assez d’être continuellement entre le marteau et l’enclume, sans les moyens disponibles pour les équipes pédagogiques. Le système éducatif ne peut continuer à fonctionner en mettant à mal ses personnels. Les inspecteurs et inspectrices ont besoin de redonner du sens à leurs missions. Or, l’évaluation permanente ou la pression constante créent un mal-être. Il faut sortir de cette tension continuelle qui risque à terme de fragiliser nombre de cadre de notre institution.