PLP : conditions de travail

La réglementation en matière de santé ,sécurité et conditions de travail ne sont pas différentes pour les enseignants de lycée PRO mais les spécificités du métier conditionnent une autre approche des conditions de travail de ces agents.

Les professeur.e.s de lycée professionnels ne travaillent pas dans le même environnement social que les autres enseigant.e.s

Les élèves accueillis en Lycée pro sont d’origine sociale nettement moins favorisée que pour le reste de la population scolaire. Beaucoup d’entre eux sont « cassés », démotivés ou en difficulté scolaire et de nombreux élèves allophones  sont orientés vers les CAP. Autres caractéristiques, les classes de LP sont cloisonnées entre filles et garçons selon les filières, ce qui ajoute une complexité dans l’approche pédagogique.

la non reconnaissance institutionnelle de ce travail  inclusif qui est source de fierté et de motivation des PLP crée un malaise profond dans les salles des personnels.

De plus, les discours récents évoquant le lycée d’excellence trouve dans ce contexte  une résonance désastreuse fixant aux agents des objectifs inatteignables sans donner aux experts de l’enseignement les moyens nécessaires pour faire réussir ,(le diplôme) et permettre l’insertion des élèves au rythme des progrès de ceux-ci.

Parallèlement et peut-être logiquement, le LP jouit d’une très faible valorisation aux yeux du grand public, qui méconnaît sa mission indispensable: donner une nouvelle chance à un public en grande difficulté, mais aussi valoriser et permettre des parcours performants après le BAC PRO pour de nombreux élèves.

Il est également utile de rappeler la situation compliquée identifiée par la DEPP dans sa note d’information N°38 de novembre 2014: « en 2013-2014, les établissements publics du second degré ont signalé en moyenne 13,1 incidents pour 1000 élèves. Les lycées professionnels déclarent un nombre d’incidents en hausse (25,3 incidents pour 1000 élèves)  »

Les  PLP souffrent d’un manque de reconnaissance; en outre, parce que les  réformes verticales se sont multipliées, ils peinent à trouver un sens à leur métier

Entre 2008 et 2012, les PLP ont connu:

  • la fin des BEP au profit des Bac Pro 3 ans,
  • le développement de l’apprentissage de manière désordonnée et sans accompagnement,
  • la dernière TVP mise en place sans réelle concertation et sans interroger les praticiens

Les dernières annonces du président, qui semble vouloir transformer le lycée pro en antichambre de l’apprentissage (même si dans les faits ce serait à nuancer mais le mal est fait) et les réformes  déstabilisent les équipes pédagogiques. Doivent-elles faire de l’enseignement professionnel ou de la formation professionnelle en adéquation quasi parfaite avec les besoins du marché de l’emploi?

Les PLP ne sont pas des profs comme les autres!

Avec une origine sociale plus populaire que celle des autres enseignants (Esquieu, 2007) ,une orientation vers le métier plus tardive (Perier, 2003) et des enseignants  qui avec 57%  contre 31% en LEGT ont exercé un autre métier avant d’être professeur de LP. ces profs n’ont pas le choix  face à ces  élèves : ils innovent pédagogiquement, conduisent une pédagogie de l’alternance mais globalement, du fait de réformes qui relèvent de l’injonction, ils  sont déstabilisés dans  leurs identités ou leurs repères identitaires professionnels.  Ce malaise  contribue à entraver de bonnes conditions de travail.

Les missions des professeurs de LP, leur investissement et leurs savoirs faire particuliers du fait de leurs profils ne sont pas suffisamment reconnus, aussi bien sur le plan financier que symbolique.