Dans tous les messages que les collègues nous ont adressés à la rentrée, pointe une même inquiétude : comment allons-nous faire pour réaliser nos missions ? Budget en berne, choix qui questionnent, gestion des personnels catastrophiques... les retours font craindre le pire sur cette année scolaire.
Les différents choix effectués en cette rentrée scolaire viennent questionner fortement la capacité de l’État à investir dans l’Éducation. Les conséquences seront importantes pour le travail des personnels et au final pour les apprentissages des élèves dans les établissements scolaires et les écoles.
Pour la CFDT éducation Formation Recherche Publiques, l’École ne doit pas être un coût, mais un investissement sur la société de demain.
Une gestion des ressources humaines catastrophique
En cette rentrée, s’alignent les postes non pourvus, surtout dans la voie professionnelle et la santé scolaire, les blocs de moyens provisoires sans personne pour les occuper, et d’un autre côté les contractuels baladés d’un bout à l’autre de leurs académies ou sans aucune proposition d’emploi alors que les besoins existent.
Comme chaque année, il faut pointer les difficultés rencontrées par les collègues des rectorats et des DSDEN, en nombre insuffisant, avec un turnover important du fait de conditions de travail dégradées.
mais s’ajoute également l’épuisement des budgets : il n’y a plus d’argent pour recruter des contractuels ou financer les frais de déplacement par exemple. Les missions de service civique aussi deviennent rares. On prend sur les moyens existants les postes nécessaires à la mise en place des réformes (enseignants, psy-EN… pour mettre en œuvre les PAS).
Une gestion pyramidale des personnels couplée aux restrictions budgétaires
La plupart des remplaçant·es sont déjà affecté·es à la rentrée, ce qui rendra l’année difficile.
L’année sera compliquée aussi pour tou·tes les collègues qui se sont vus refuser un temps partiel, une disponibilité ou un autre congé sur autorisation. Ces collègues risquent de s’épuiser à plus ou moins long terme, faute d’avoir pu trouver ce moyen d’équilibrer leur vie professionnelle et leur vie privée.
Du côté des personnels de vie scolaire, les assistants d’éducation sont nombreux à nous signaler la non reconduction de leur CDD à un an de pouvoir demander un CDI, certains se voient même refuser les heures dédiées à leur formation universitaire. En conséquence, des équipes vie scolaire ne sont pas complètes alors que des candidatures d’AED en CDI ont été rejetées sans examen.
Quant aux CPE, ce n’est guère mieux, car il est demandé à certains de réinjecter la pause méridienne dans leur emploi du temps. Parfois il leur est demandé de prolonger la pause déjeuner au-delà d’une heure de temps afin de pouvoir réinjecter ce temps « économisé » sur d’autres plages horaires. De manière plus générale, la 39ème semaine dévolue aux permanences administratives est devenue la nouvelle variable d’ajustement morcelée sur trois périodes de petites vacances (Toussaint, Hiver, Printemps) au lieu d’être effectuée sur une seule semaine.
La CFDT alerte donc dès à présent : ce n’est pas ce service public que nous voulons !
Des dispositifs en manque de financement et des collectivités qui ne peuvent compenser
Dans nos établissements, nos écoles, on constate la faiblesse des moyens pour des activités culturelles : le pass culture dont le budget a été réduit, mais aussi les budgets étriqués ou supprimés pour financer les frais de transport des élèves.
Les heures supplémentaires effectives (HSE) qui permettaient la réalisation de projets, d’accompagnement, sont, elles aussi, taries.
Les dotations pacte et IMP sont en baisse notable, alors que les priorités à financer augmentent, comme, par exemple, le référent santé mentale qui est à nommer dans tous les établissements.
Les moyens sont de plus en plus fléchés et il ne reste presque rien pour les projets pédagogiques.
Il y a un double effet ciseau, car les collectivités territoriales baissent également leurs dotations auprès des associations partenaires, faute de moyens alloués. Les sujets concernés : la prévention, la culture.
Des priorités pour l’École qui questionnent
On voit aussi vieillir les outils numériques, intensément sollicités en cette rentrée pour faire passer des évaluations nationales imposées. Si on comprend les enjeux de durabilité pour des raisons écologiques, notre travail devient de plus en plus compliqué et nous n’acceptons plus le temps perdu à ces activités peu pertinentes. Même perte de sens encore lorsque les budgets pour s’équiper en manuels numériques sont réduits à la portion congrue en Ile-de-France après tous les efforts réalisés par les collègues pour s’adapter à des supports qui leur ont été imposés.
La CFDT refuse ces budgets déjà serrés qui remettent en cause la réussite de tous.
Un budget très loin des attentes pour l’École
Et ce qui se profile devant nous, c’est un budget 2026 que l’on pourrait qualifier de « musée des horreurs ».
Exit la rénovation de nos écoles, collèges et lycées, les budgets sont rabotés.
Alors que nous croulons sous les effectifs, le budget 2026 promet des milliers de suppressions de postes qui vont encore dégrader nos conditions de travail et la réussite de nos élèves. Dès cet été, des classes ont été supprimées pour financer d’autres dépenses et nos effectifs ont augmenté dans certains établissements.
Jours de carence multipliés, perte de salaire en congé de maladie déjà effective, retraites retardées, salaires gelés : nous refusons un budget qui écrase nos droits déjà bien menacés. Le service public et ses usagers méritent mieux. Les agents aussi !
Nous devons nous mobiliser contre la dégradation de notre école et les mesures budgétaires envisagées.