Aération : au-delà du COVID, un enjeu de santé publique

Face à l'ampleur des travaux à réaliser dans les établissements scolaires, il serait tentant de renoncer en pensant que la vaccination va tout résoudre et que la qualité de l'air est secondaire. On vous explique pourquoi au Sgen-CFDT nous ne renonçons pas.

La fin des variants ? Pas si sûr…

Voici ce qu’Antoine Flahaut, directeur de l’Institut de santé globale de l’Université de Genève, et directeur adjoint de la Swiss School of PH, Zürich, écrit:

 

Et quand bien même ? de l’asthme, entre autres

Si l’hypothèse optimiste l’emportait, celle d’une fin du covid, reste-t-il un enjeu de qualité de l’air intérieur ?

Qu’en dit par exemple – non pas de dangereux écologistes – mais le gouvernement lui-même via le ministère de l’écologie ?

« Logement, moyens de transport, lieu de travail, école… Nous passons plus de 80 % de notre temps dans des lieux clos et l’air que nous y respirons n’est pas toujours de bonne qualité. »

Et de répertorier les nombreuses pathologies liées à cette mauvaise qualité : affections respiratoires et asthme étant les plus saillantes. Selon Santé publique France, 15 à 20% des asthmes de l’adulte sont d’origine professionnelle. Combien chez l’enfant en raison de sa présence à l’école ?

Toujours selon Santé Publique France, la prévalence de l’asthme est en augmentation chez l’enfant. Depuis 2012 une enquête est conduite tous les deux dans la population scolaire en grande section, CM2 et 3ème. Autrement dit tous les 6 ans par cohorte on examine les chiffres.

Cette prévalence représente entre 10 et 16% de la population scolaire. Et le repérage des symptômes sur une même cohorte montre une augmentation d’un à deux points tous les 6 ans.

Une mauvaise qualité de l’air qui a un coût

Selon le ministère de l’écologie,

« En France, on estime à 19 milliards d’euros par an le coût de la mauvaise qualité de l’air intérieur »

Le chiffrage de ce coût a amené l’Etat en 2013 à lancer un plan d’actions sur la qualité de l’air intérieur.

Des actions dans l’Éducation ?

Ce plan prévoyait de mettre en avant des outils existants :

« – la « malette Ecol’air »
– le guide de gestion de la qualité de l’air intérieur dans les établissements recevant du public, destiné aux gestionnaires de ces établissements
– le guide d’aération par ouverture des fenêtres dans les écoles édité par l’OQAI, htpp://www.oqai.fr
– les outils développés par le Comité Régional Nord-Pas-de-Calais de l’APPA, dont le portail dédié à la qualité de l’air intérieur et santé rend compte à travers son: http://qai.appanpc.fr/ »

Inutile de préciser qu’il est inutile de chercher les liens menant à ces outils actuellement sur Eduscol !

Un investissement massif de l’État face à la crise ? Ou de la prévention à la française.

Le site aérons a fait un comparatif de l’investissement par habitant et par an sur la qualité de l’air intérieur. Le graphique se passe de commentaire.30 centimes… contre 21 euros aux Pays Bas.

 

Que faire ? Un capteur, ça sert à quoi ?

Des collègues haussent les épaules, résignés. Acheter un capteur pour savoir que « l’air est pourri, ça ne servira à rien ».  Pour nous démoraliser, à quoi bon ? Argument entendu y compris dans la bouche de personnel de direction.

Tout d’abord, précisons que le capteur n’est bien sûr qu’un instrument de mesure. Mais il permet de montrer que les recommandations les plus récentes de notre ministère ne tiennent pas la route une seule seconde. Aérer une fois par heure dans certains lieux est nettement insuffisant.

La mesure recommandée est de moins de 600 ppm là où on ne peut pas porter le masque – comme à la cantine. La mesure recommandée est de moins de 800 ppm là où l ‘on porte le masque (en classe). Il faut donc aérer entre 800 et 1000. Et au delà sortir pour aérer !

Voici l’affiche très utile pour se repérer: Détecteur de co2

De l’utilité du Registre Santé Sécurité au Travail

Vous l’aurez compris, le capteur permet d’avoir un repère fiable et scientifique.

Mais quand il n’est pas possible de faire un véritable courant d’air, voire qu’il n’est même pas possible d’ouvrir une fenêtre, alors il faut aller plus loin.

Faire une fiche RSST (registre Santé et sécurité au Travail) devient une nécessité. Le CHSCT (comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail) en aura connaissance, et les organisations syndicales auront un point d’appui pour

  • repérer les endroits plus critiques que d’autres
  • formuler des demandes de travaux auprès des collectivités.
  • demander l’achat de purificateurs d’air.

Des écoles qui n’auraient pas besoin de purificateurs à l’avenir ?

La région et les départements  ont réalisé de gros progrès en matière de consommation énergétique et de qualité de chauffage dans les établissements. Il est temps de faire de même en ce qui concerne la qualité de l’air intérieur. Pour les écoles la situation est extrêmement disparate suivant les communes, un état des lieux est nécessaire et urgent et des incitations fortes, voire contraignantes doivent être mise en œuvre.