Déclaration liminaire du Sgen-CFDT au Conseil supérieur de l'éducation du 9 juin 2022.
L’introduction de mathématiques facultatives dans le tronc commun de 1e est un nouvel épisode de la réforme du lycée qui cumule bien des travers constatés depuis 4 ans : c’est une décision précipitée pour une mesure transitoire difficilement lisible, annoncée une fois encore dans les médias avant de l’être aux personnels chargés de la mise en œuvre.
Sortir de la logique des moindres maux
Cette mesure dont nous débattrons en détail lors du prochain CSE apparaît certes comme un moindre mal par rapport à une généralisation dès la rentrée 2022, mais d’une part, c’est une mesure transitoire, ce qui induit donc encore des changements l’an prochain au moins (or les personnels sont exténués des modifications incessantes), et d’autre part, c’est la deuxième fois cette année que le ministère fait le choix d’un « moindre mal » (le report en mai des EDS face au constat tardif, là aussi, que les conditions de mise en œuvre n’étaient pas réunies constituait le premier « moindre mal »).
Le Sgen-CFDT l’affirme clairement, une succession de moindres maux ne peut pas faire une politique éducative ambitieuse :
les personnels mais aussi les familles ont besoin de stabilité au moins sur le sens et les objectifs de la scolarité d’un lycéen, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.
Après trois ans de navigation dans le brouillard, il est impératif de dresser un bilan et de tracer des perspectives pour le bac et le lycée. Dans le contexte, le comité de suivi de la réforme est un lieu adapté pour mener ces travaux, et le Sgen-CFDT en demande donc sa reconduction.
Ce chantier est d’ampleur : il doit porter sur le déroulement des épreuves leur calendrier, sur le contrôle continu, l’accompagnement des parcours et les programmes, la charge de travail des personnels.
Donner du sens aux épreuves et à leur calendrier
Les épreuves et leur calendrier d’abord.
L’organisation des EDS cette année a été très problématique : désorganisation du mois de mai, surcharge de travail, problèmes informatiques, etc. Nous l’avions annoncé dans nos communications, cela s’est malheureusement produit.
Nous demandons une stabilisation du calendrier dès le début de l’année scolaire, et ce de façon indépendante d’un arbitrage réel et pérenne sur le sens à donner aux EDS :
- Doit-il s’agir d’une photo objectivée (car anonyme et équivalente pour tous) d’un niveau de compétences et de connaissances sur lequel les formations du supérieur pourront s’appuyer en complément du contrôle continu ?
Dans ce cas, les épreuves doivent être conçues sur le plan du contenu et des attendus comme des épreuves différentes de celles d’un examen terminal classique - Doit-il s’agir d épreuves récapitulatives d’un ensemble de compétences et de connaissances du cycle terminal ?
Dans ce cas, elles ne peuvent avoir qu’en fin d’année, en juin, après que les élèves aient eu des retours sur leur orientation.
Le risque est alors très grand de démonétiser le bac et d’en faire un second DNB.
Pour le Sgen-CFDT, l’esprit de la réforme impliquait le 1er arbitrage, mais force est de constater que ni la formation, ni les décisions opérationnelles (décharge de cours pour les correction, anticipation de la charge de travail des DEC, contenus des programmes, nature et format des épreuves…) ne permettent pas le déroulement des épreuves en mars aujourd’hui.
Par ailleurs, les épreuves anticipées de français, elles aussi remaniées mais placées en fin de première attirent peu l’attention, alors qu’elles sont, elles aussi mal calibrées et source de stress et de surcharge de travail.
Améliorer l’accompagnement des parcours
Le contrôle continu et l’accompagnement des parcours ensuite.
Le contrôle continu a été utilisé comme outil de gestion de crise sanitaire pour les sessions 2020 et 2021, et il reste encore à installer comme outil pédagogique de valorisation des parcours.
L’un des objectifs de la réforme devait être de diversifier les parcours des élèves, avec des choix qui peuvent avoir un impact sur la poursuite d’études dans l’enseignement supérieur. Force est de constater que l’accompagnement des élèves n’est pas à la hauteur des enjeux par manque de moyens en temps et en rémunération pour organiser un accompagnement qui permette de réduire les biais (en particulier sociaux et genrés) dans les choix réalisés par les élèves. Là encore, on a gardé une organisation usuelle sur une réforme nouvelle, or, avec la réforme, les conseils de classe ont également perdu de leur sens et de leur pertinence. Il faut les repenser dans leur composition, leurs objectifs et leur fréquence.
Réviser les programmes enfin
Les programmes, enfin.
Il apparaît nécessaire de les rebalayer, de les alléger, de redéfinir leurs objectifs, de repenser leur articulation, notamment celle entre tronc commun et spécialités.
Le sujet des maths dans le tronc commun est révélateur : l’objectif de son introduction est de rééquilibrer des choix de spécialités trop littéraires qui seraient susceptibles de porter préjudice à la poursuite d’études des bacheliers. Pour le Sgen-CFDT, la logique modulaire qui se dessine doit être creusée et approfondie.