Du burn out à l’open up !

Burn out, brown out, bore out, ruptures conventionnelles, demandes de temps partiel pour pouvoir faire correctement son travail...
Écouter et accompagner nos collègues nous amène à faire le constat d'une société fatiguée.
Comment passer du "toujours plus" à la résonance ?

Paradoxe : nous vivons dans une société abondante et opulente mais nous avons l’impression que plus nous accumulons, moins nous en profitons.
Sur un compte Deezer ou Spotify, tout est à disposition mais quand est-ce qu’on écoute ?
On a 1000 amis et followers avec qui on peut potentiellement et virtuellement interagir mais les rencontrerons-nous un jour ?
On travaille, on travaille, pour pouvoir profiter plus tard de sa retraite.
On accumule des centaines de photos « pour plus tard », quand est-ce qu’on les regarde ?
On court, on court en contrôlant son rythme cardiaque, son nombre de pas et le nombre de calories dépensées…
Toujours plus de performance, toujours plus d’information, toujours plus d’activités, toujours plus de consommation, toujours plus de mails…

Face à ce phénomène d’accélération, Hartmut Rosa, sociologue allemand, propose non pas la lenteur, mais la résonance.
Quand tout est devenu gris, froid et muet, ce qui peut réchauffer et nous (re)faire vibrer, c’est le lien.
Cette crise du toujours plus est en fait une crise de la relation.
Relation avec le monde, avec les autres et avec soi-même. Comme des diapasons qui se feraient résonner les uns les autres. Facile à dire et moins facile à faire…
Il s’agit alors de s’autoriser à prendre le temps de faire moins mais mieux, s’autoriser à être présent aux choses, aux autres sans être toujours dans « le coup d’après » et s’autoriser à dire que nos ambitions étaient au-dessus de nos moyens et de ne pas forcément essayer de trouver un ou une responsable.
En installant ainsi une controverse sur les critères d’un travail bien fait (voir les travaux d’Yves Clot, psychologue du travail), en mettant à jour les intérêts contradictoires qui sont à l’œuvre dans tout collectif de travail, on peut reprendre la main, retrouver du pouvoir d’agir et réduire, ou au moins mieux vivre, les écarts entre le travail prescrit et le travail réel.

Je me porte bien dans la mesure où je me sens capable de porter la responsabilité de mes actes, de porter des choses à l’existence et de créer entre les choses des rapports qui ne leur viendraient pas sans moi. Canguilhem

« Résonner au travail, c’est accepter d’être affecté, de se laisser surprendre et d’improviser, de se confronter à la résistance du matériau, d’être à l’écoute d’une idée qui nous vient lors d’une discussion, sans qu’on s’y attende. Ça implique aussi de refuser de gâcher le plaisir du travail bien fait au nom des impératifs de productivité. Au fond, il s’agit d’admettre que tout n’apparaît pas sur commande et que ni la nature ni nos collègues ne sont des ressources disponibles et manipulables à merci. »

https://www.youtube.com/watch?v=6jWvF_fyzqA