Une crise de confiance : déclaration liminaire commune FEP et Sgen-CFDT au Conseil supérieur de l’éducation du 20 janvier 2022

La FEP et le Sgen-CFDT ont dressé un état des lieux de fin de mandat en déclaration liminaire du Conseil supérieur de l’éducation du 20 janvier 2022

La Fep-CFDT et le Sgen-CFDT présentent leurs vœux à tous les membres du CSE pour 2022. Notre première déclaration liminaire de l’année 2022 aura pour finalité de dresser un état des lieux du système éducatif français et de la situation des personnels qui y travaillent.
Et cela au lendemain d’un vaste mouvement de mobilisation et de grève le 13 janvier 2022.
Ce mouvement est sans aucun doute le révélateur d’une crise de confiance multidimensionnelle qui traduit un malaise réel et sérieux.
Ce malaise s’articulant autour d’une triple temporalité, du court, du moyen et du long terme.

Une rupture de confiance sur le court terme

Rupture de confiance dans la capacité de gestion de la pandémie, avec la valse-hésitation dans le lancement de protocoles sanitaires ingérables.
Bien entendu, nous pouvons comprendre certains atermoiements au vu de l’évolution d’une pandémie complexe, mais les équipements insuffisants à tous les niveaux, l’absence de réactivité, le décalage entre discours et réalité et les promesses non tenues ont provoqué un épuisement de tout le monde, une colère froide et chaos visible surtout à partir de la rentrée de janvier.

Un chaos pourtant malheureusement assez prévisible, et qui est survenu alors que nous avions lancé de très nombreuses alertes en amont.

Une crise sur le moyen terme

Crise de confiance dans la gestion du moyen terme face aux enjeux de transformation du système éducatif :
Avec une gouvernance problématique par un ministère qui consulte souvent les acteurs mais qui ne les écoute pas, un dialogue social qui relève encore trop du façadisme ou de la mise en scène d’une institution verticale à l’excès.
Avec une accumulation d’injonctions contradictoires qui juxtaposent les missions anciennes et les missions nouvelles sans aucune reconnaissance des responsabilités augmentées que doivent endosser tous les personnels acteurs du service public d’éducation, de la maternelle au supérieur.confiance

Le temps du déficit de confiance dans les perspectives du long terme

– À cause d’une insuffisance tendancielle des moyens humains ;
– À cause d’un déclassement professionnel et salarial généralisés entraînant un sentiment de dévalorisation permanente.
Sentiment renforcé par une disjonction permanente entre obligation de résultats et obligations de moyens pour faire vivre et faire évoluer correctement le système éducatif de la maternelle à l’enseignement supérieur.

Un malaise s’est donc bien installé dans notre secteur professionnel

En faisant le constat que les politiques éducatives insuffisamment abouties ou mal soutenues durant ces 15 dernières années ont également contribué à cet état des lieux, la Fep-CFDT, le Sgen-CFDT et la CFDT souhaitent plus que jamais pour 2022, une refondation du système éducatif s’appuyant sur un pacte du pouvoir de vivre qui valorise la priorité d’une éducation émancipatrice.

Ni utopie ni dystopie, la refondation du système éducatif doit désormais s’inscrire comme une urgence au même titre que celle de l’urgence climatique.

Pour prendre en compte cette urgence il ne faudra pas abandonner le dialogue social qui reste un outil indispensable pour retisser des liens moins verticaux.
Si le ministère de l’éducation nationale avait fait confiance aux corps intermédiaires et aux personnels qu’ils représentent nous n’en serions pas arrivés à cette voie trop étroite où nous sommes positionnés aujourd’hui 20 janvier 2022.