Rémunérations trop faibles, classes surchargées, réforme du bac inutilement complexe… dixit un sénateur… Les Républicains

Le long rapport de Jean-François Husson (Les Républicains) sur le budget 2022 de l’Éducation nationale vaut la peine d'être lu.
Extraits.

Surprenant, ce rapport tout récent (8 novembre 2021) du sénateur Les Républicains Jean-François Husson sur l’école de la confiance… la droite réaliserait-elle que l’Éducation nationale va mal?!

Traitements

Le sénateur dénonce la faiblesse des rémunérations des enseignant.e.s. Ah bon, on n’est pas trop payé.e.s?

« Les rémunérations des enseignants français demeurent très en deçà de la moyenne européenne. » (page 28)

« L’ampleur des écarts doit être soulignée : selon l’OCDE, le salaire statutaire des enseignants du primaire et du secondaire après dix ou quinze ans de service est inférieur d’au moins 15 % à la moyenne de l’OCDE. Par comparaison, l’écart avec la moyenne de l’OCDE se situe entre 4 % et 9% selon le niveau en tout début de carrière. » (page 29)

L’enquête PISA 2012 établit une corrélation positive entre le niveau de salaire des enseignants et la performance globale des élèves.

« Les pays ayant les scores [PISA] moyens les plus élevés sont également ceux où ils [les salaires des enseignants] sont les plus hauts, c’est-à-dire sont supérieurs à115 % du produit intérieur brut (PIB) par tête. C’est notamment le cas du Japon, de la Nouvelle-Zélande, des Pays-Bas et de la Belgique, pour lesquels les salaires des enseignants représentent en moyenne 135 % du PIB par tête. À l’inverse, la France ne dépense que 105 % du PIB par tête, soit un niveau de dépense proche des États-Unis (100% du PIB par tête) (page 29) ».

Les rémunérations des enseignants sont largement inférieures aux salaires pratiqués dans le secteur privé.

« Les salaires effectifs des enseignants français sont donc en deçà du revenu du travail des actifs ayant atteint au moins le niveau licence. Plus précisément, les salaires des professeurs sont inférieurs à celui des actifs du privé de 21% dans le préélémentaire, 23% dans l’élémentaire et 12% au collège.

En revanche, les enseignants en lycée ont un niveau de salaire effectif proche de celui de la population totale des actifs, ce qui est notamment dû au poids des professeurs agrégés.

Ce n’est pas le cas dans d’autres pays européens, et en particulier en Allemagne ou en Belgique, pour lesquels les rémunérations des enseignants, s’agissant du second cycle du secondaire, sont supérieures à celle de l’ensemble des actifs. » (pages 31-32)

Remarques sur les HSA

Le recours aux heures supplémentaires permet également de relever le nombre moyen d’heures d’enseignement par professeur, qui aura ainsi augmenté de 13 % sur les 30 dernières années en lycée, et dans une moindre mesure de 7 % au collège (page 38).

Selon les informations fournies au rapporteur spécial, 29 600 postes auraient été ainsi économisés en 2019. (page 38)

Temps d’enseignement: les enseignant.es de l’Éducation nationale, des feignasses, vraiment?

Les enseignants en France passent davantage de temps à enseigner devant les élèves que leurs collègues dans les pays européens en moyenne et en Allemagne en particulier (…) Le temps d’enseignement réglementaire dans l’élémentaire est de 900 heures par an en France, 738 heures en moyenne dans l’UE et 691 heures en Allemagne.. (p. 29)

Perte d’attractivité du métier

Il est crucial de s’interroger sur la perte d’attractivité du métier d’enseignant. (page 33 du rapport)

« Près d’un quart des enseignants (24% des professeurs des écoles et 25 % des enseignants en collège) se demandent s’ils n’auraient pas dû prendre une autre voie professionnelle. (page 33 du rapport) ».

Le sénateur réclame des effectifs… allégés

Le rapporteur spécial se félicite de la dynamique à l’œuvre de réduction du taux d’encadrement dans le premier degré. Il estime toutefois que celle-ci doit être approfondie et surtout étendue au secondaire (…) la logique qui doit prédominer est celle de la réduction du nombre d’enfants par classe. (page 43)

La réforme du bac, une usine à gaz

La réforme du lycée est copieusement étrillée.

Une réforme inutilement complexe et que les élèves doivent encore s’approprier, bien que contribuant à la diversité de l’offre scolaire. (page 60).

Le sénateur dénonce le fait que la « grande variété théorique des combinaisons possibles » se heurte à « des inégalités géographiques » (page 60): « toutes les académies ne proposent pas le même nombre de combinaisons de spécialités. Ainsi, l’académie de Versailles en propose 243, quand celle de Corse n’en propose que 91″ (page 63).

Il souligne aussi le fait que les déterminismes sociaux et de genre pèsent sur les choix faits par les lycéens :  selon la DEPP, le choix des combinaisons est très fortement variable selon l’origine sociale et le sexe » (page 64).

La diversité des parcours offerts en quasi « sur-mesure » engendre des difficultés d’organisation pour les chefs d’établissements : la construction des emplois du temps des élèves et des services des enseignants est complexifiée (député cité dans le rapport, pages 64-65)

Intéressants, ces constats… qu’adviendra-t-il de ce rapport?