« Aucune stigmatisation » des pauvres, vraiment ?

Remplacer l'allocation de rentrée scolaire par des bons d'achat?!

Blanquer a fait le buzz en disant que l’allocation de rentrée scolaire (ARS) est parfois utilisée pour « acheter des écrans plats » – une pure fake news, comme le note Libération le 3 septembre, « Un comble pour un gouvernement qui affirmait vouloir lutter contre la désinformation. », et en soutenant la proposition de la députée MoDem Perrine Goulet de verser l’ARS sous la forme d’un bon d’achat.

Le 2 septembre, à Marseille, Emmanuel Macron enfonce le clou: « Nous serions aveugles ou naïfs de penser que la totalité de ce que chaque ménage touche en allocation de rentrée scolaire est reversée pour acheter des fournitures ou les livres des enfants. [Ce n’est] pas vrai, et nous tous, nous le savons. » Et enchaîne, au mépris de toute logique, sur ceci: « Il ne faut avoir aucune stigmatisation » envers les familles défavorisées (…) Il ne faut pas qu’on rentre dans un système de contrôle social où il y aurait une forme de défiance qui s’instaure à l’égard des familles. ». Tartuffe.

La vérité, c’est qu’il est plus facile de stigmatiser les pauvres que de reconnaître l’impuissance de notre école à réduire les inégalités sociales – alors que telle devrait être sa première mission.

La pauvreté n’est pas que matérielle, elle s’accompagne presque toujours d’une pauvreté de vocabulaire, d’un manque de références culturelles et d’une méconnaissance du système scolaire et des institutions.

En France, il faut six générations pour sortir de la pauvreté !

Le 5 février dernier, le Sgen-CFDT rappelait l’urgence de repenser la politique d’éducation prioritaire, de l’articuler avec la politique de la ville, de favoriser la mixité sociale… Bref, de prendre conscience de l’enjeu, au lieu de traiter la question à coups de slogans et et de fake news. Ceux-ci ne peuvent que renforcer le ressentiment de la population envers un gouvernement de plus en plus éloigné du réel, de plus en plus indigne, de plus en plus méprisant.